Il parcourt 35 000 kilomètres par an pour se rendre au chevet de ses patients
Il est l’un des rares hommes à exercer la profession d’infirmier libéral dans le Bocage virois.Rencontre avec Anthony Augrain qui a accepté de nous faire partager son quotidien.
Mercredi 23 août 2017, 6 h 40. Pendant que les premiers Virois se réveillent, un homme s’active dans l’ombre. Il s’agit d’Anthony Augrain, 39 ans, infirmier libéral, installé depuis 2014 à Vaudry. Pour lui, la journée de travail a déjà débuté avec la visite de deux patients. « J’effectue deux tournées par jour. Celle du matin débute aux alentours de 6 h 15 pour se terminer vers 14 h 30, 15 h. Le soir, mes visites à domicile se déroulent de 16 h 30 à 20 h » , indique Anthony. Pour lui, l’été est toujours une phase intense. « Cette période est la plus difficile car il faut reprendre la patientèle des collègues qui rencontrent quelquefois des problèmes pour se faire remplacer. Habituellement, je travaille en binôme lors de ces périodes fastes car tout seul, ce serait impossible » , révèle l’infirmier. Anthony se rend donc chez une trentaine de patients le matin, et une vingtaine de malades le soir. Une cadence de travail soutenue à laquelle s’ajoutent les formalités administratives ainsi que la gestion des stocks et de la caisse, sans oublier la préparation des tournées du lendemain.
Pansement, prise de sang, suivi de patients diabétiques, injection cutanée ou intramusculaire, ablation des diffuseurs de chimiothérapie mais aussi délivrance de médicaments : les soins et les gestes effectués sont divers et variés.
Des liens forts avec les patients
Au volant de son véhicule, Anthony couvre un territoire vaste allant de Vire à Burcy, en passant par Coulonces, La Graverie, Viessoix…. « Au total, je parcours plus de 35 000 kilomètres chaque année pour me rendre au chevet de mes patients » , confie l’infirmier.
En plus de soigner, ce dernier est aussi un confident qui prête une oreille attentive pour des patients. « Certains malades ont besoin d’échanger et je dois souvent répondre à des questions de santé mais aussi de vie privée afin de les rassurer. Des fois, le passage de l’infirmier constitue la seule visite de la journée alors j’es- saie de créer du lien avec les plus isolés » , avoue Anthony. Ayant exercé durant 10 ans en bloc opératoire, ce dernier a délaissé les couloirs de la clinique de Vire pour s’installer en cabinet libéral. Un choix qu’il ne regrette absolument pas. « Il y a une liberté et une pression moindre dans cette configuration de travail. Je rencontre différentes personnes issues de différentes catégories sociales dans différents lieux. Chaque jour est une découverte de par un événement, une parole, un fou rire ou un comportement. Je partage tout avec mes patients que ce soit les moments de bonheur ou de malheur et en retour les gens me renvoient ce que je leur donne. Il n’y a rien de plus gratifiant et je crois que c’est de la sorte qu’il faut voir le métier. »
Une demande croissante
Et du travail, il ne risque pas d’en manquer pour Anthony et ses confrères. « Les infirmiers vont avoir un rôle de plus en plus prépondérant dans les années à venir. Avec la baisse des temps d’hospitalisation en centre hospitalier au profit du domicile, les gens vont nous solliciter davantage. » De plus, la situation sanitaire sur le Bocage virois renforce ces propos. « D’après les calculs de la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie), le bassin virois est sous- dôté de praticiens infirmiers. Il y a un besoin urgent de recruter pour faire face au nombre grandissant de patients sur le territoire » , révèle Anthony.
Il est déjà 9 h 30 quand vient l’heure de laisser Anthony rendre visite à la quinzaine de patients qu’il doit encore soigner. Sous une pluie fine, la voiture de l’infirmier s’éloigne dans la campagne viroise.