La Voix - Le Bocage

Hugues Aufray : « Mon bonheur, c’est de rendre les gens heureux »

- E.M.

Hugues Aufray vient de fêter ses 88 ans le 18 août dernier. Il sera samedi 2 septembre sur la scène du théâtre du Préau. Une soirée à guichets fermés. Rencontre.

Avez-vous des attaches avec notre région ?

Je connais mal la Normandie. Mais je sais que mon grand-père paternel, que je n’ai malheureus­ement pas connu parce que je n’étais pas encore né, venait en vacances avec sa famille au château de Taillevill­e, une petite commune proche de Douvresla-Délivrande et de Caen. Une demeure qui est maintenant la propriété d’Emmaüs. Mon frère aîné, lui, est né à Caen.

Vous êtes présent depuis 1959. Êtes-vous surpris d’être toujours sur le devant de la scène ?

Non, pas vraiment. À mes débuts, j’ai révélé les chansons de Bob Dylan. Mes chansons sont entrées dans la mémoire collective. « Santiano », « Céline », « Dès que le printemps revient », « Adieu M. le professeur », « Hasta luego », etc. sont des titres indémodabl­es qui ont traversé le temps. Mes chansons ont accompagné les enfants dans les colonies de vacances, dans les écoles, et ont été transmises de génération en génération. Beaucoup connaissen­t les paroles et les mélodies de sans savoir que c’est moi qui les ai composées, voire même sans connaître ou se souvenir de mon nom. C’est le sommet du succès comme le disait Charles Trenet.

Vous faisiez récemment partie de la tournée « Âge tendre et tête de bois ». Quel souvenir en gardezvous ?

C’est une expérience que j’ai voulu faire mais qui ne me tentait pas beaucoup au départ parce que je ne voulais pas rentrer dans ce système de nostalgie profession­nelle. On s’est même fait traiter de « ringards ». C’est par défi que j’ai finalement accepté, parce que je vais toujours là où on ne m’attend pas et où la critique est facile.

Quelles sont vos plus belles rencontres dans ce métier ?

Sans conteste Martin Luther King et Bob Dylan parce que ce sont les deux personnes qui ont amplifié les thèmes qui étaient les miens. J’ai également eu la chance de découvrir avant tout le monde des gens comme Guy Béart ou Serge Gainsbourg.

Quel regard portez-vous sur vos collègues ?

Au niveau de l’écriture, j’admire des gens tels que Nougaro, Renaud ou Souchon que j’apprécie particuliè­rement.

Quel autre métier auriezvous aimé faire ?

Jeune, je me destinais à être peintre ou sculpteur, mais le des- tin m’a dirigé pour gagner ma vie vers la musique pour laquelle je n’étais pas fait, contrairem­ent à mon frère qui aurait pu faire une grande carrière mais qui est mort tragiqueme­nt à l’âge de 26 ans. Je l’ai suppléé en quelque sorte. Aujourd’hui, je ne regrette rien et je me suis remis à la peinture et à la sculpture.

Quelle personne admirezvou­s particuliè­rement ?

J’ai entendu un jour, il y a une quarantain­e d’années, l’actrice Simone Signoret répondre à la même question que vous me posez : « Soeur Eliane ». Et il se trouve que cette religieuse qui m’était inconnue s’est révélée être ma cousine germaine et que je ne la savais pas encore. Pour l’anecdote, Eliane Auffray était également professeur de lettres à Amiens, et a compté parmi ses élèves, une certaine Brigitte Macron, qui m’a confié un jour que c’était une femme extraordin­aire qui avait changé, bouleversé et dirigé toute son adolescenc­e.

À 88 ans, programmez-vous une tournée d’adieux ? Avez-vous des regrets ?

Sûrement pas. Quand on est artiste, il n’y a pas de limite d’âge. On n’arrête pas sa carrière parce qu’on estime s’être suffisamme­nt enrichi. Tant qu’on a la santé. J’ai encore de multiples projets en tête. Ce qui me manque le plus aujourd’hui c’est du temps. Je débute une tournée en septembre, ensuite je dois sortir un bouquin… Sinon, Il y a des tas de choses que j’aurais aimé faire et que je n’ai pas pu faire, faute de temps. Notamment aider les gens, les rendre plus heureux. Mon bonheur, c’est de rendre les autres heureux, ce que j’ai essayé de faire avec mes chansons.

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(Crédit photo Jean-Baptiste Mondino). « Santiano », « Céline », « Hasta luego », des chansons mythiques !

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