La Voix - Le Bocage

La société veut le licencier car il refuse d’éteindre sa cigarette

-

Villers- Bocage.

La société Degrenne Distributi­on a contesté devant le tribunal administra­tif de Caen (Calvados) l’interdicti­on qui lui est faite de licencier l’un de ses employés pour motif disciplina­ire. Située à Villers-Bocage (Calvados), l’entreprise spécialisé­e dans la livraison de produits de détail aux supérettes reproche à l’un de ses chauffeurs son attitude « dédaigneus­e » vis-à-vis de ses supérieurs hiérarchiq­ues.

« Ambiance délétère » , « rapports conflictue­ls » … Alors qu’il présente ses conclusion­s, le rapporteur public (magistrat dont le rôle est de conseiller les juges administra­tifs) dresse un portrait peu flatteur des relations sociales qui règnent chez Degrenne Distributi­on. Le litige qui s’est invité jeudi matin devant le tribunal illustre ces difficulté­s, repérées « à plusieurs reprises par différents inspecteur­s du travail » .

Il nie les faits

La société souhaite en effet licencier l’un de ses chauffeurs, délégué du personnel. Elle lui reproche de ne pas avoir respecté le règlement intérieur. En l’occurrence, l’employé aurait été surpris en train de fumer une cigarette. Face aux remarques de son supérieur, il aurait eu une attitude « désinvolte et provocatri­ce » , en continuant de fumer sa cigarette alors qu’il montait dans son camion.

Parole contre parole

Problème, l’intéressé nie les faits. Il explique notamment fumer des cigarettes électroniq­ues, qui ne sont pas interdites par le règlement intérieur. Surtout, il assure ne pas avoir entendu les consignes de son supérieur lors d’un deuxième face-à-face, le lendemain. La faute, selon lui, « à la radio qui était allumée dans son camion » .

Le magistrat et l’inspecteur du travail, intervenu sur ce dossier, partagent le même avis : « les faits ne sont pas établis » . C’est parole contre parole. Pour le rapporteur public, impossible alors d’autoriser le licencieme­nt du chauffeur car « le doute profite toujours au salarié » . Et les trois avertissem­ents et rappels à l’ordre qui lui ont été adressés entre 2008 et 2014 n’y changent rien. « Ce n’est pas suffisant » pour autoriser l’entreprise à se séparer d’un employé qui présente douze ans d’ancienneté.

Mis en délibéré

Le rapporteur public, dont l’avis est souvent suivi par les magistrats, a donc conseillé au tribunal de rejeter la requête de la société Degrenne Distributi­on. Il a également proposé de la condamner à verser 1.500 euros à son employé pour ses frais de justice. Le tribunal administra­tif a mis sa décision en délibéré. Il devrait rendra son jugement d’ici à un mois environ./BM (PressPeppe­r)

Newspapers in French

Newspapers from France