La Voix - Le Bocage

La fin du cauchemar

- Laura Baudier

Depuis le 4 août, une famille avait trouvé refuge dans un campement de fortune, fait de bâches et sacs plastiques. Un appartemen­t vient de lui être attribué.

Arrivés le 4 août à Vire du Sud de la France suite à un différend familial, sans logement, avec seulement quelques valises, David et sa famille ont trouvé refuge à l’orée d’un petit chemin, aux alentours de la commune déléguée de Roullours (Vire-Normandie). À l’emprunter, rien ne présage de ce qu’on va y découvrir… Et pourtant… Cachés ici, à l’abri des regards indiscrets, David, sa femme et leurs quatre enfants ont survécu tant bien que mal… « On a été pris au piège… » , explique ce père de famille de 46 ans. Il l’avoue : « C’est la première fois que cela nous arrive, ça peut arriver à tout le monde. »

La débrouille s’organise

La vie s’est organisée quand même, malgré tout : tandis que les deux plus jeunes de la fratrie sont scolarisés à Vire, l’adolescent de 18 ans reste avec ses parents, mais les journées étaient longues… « On va chercher de l’eau au cimetière » , explique David. « Au début on mangeait froid…. » , jusqu’à l’arrivée d’un réchaud le weekend dernier. « C’était la nuit le plus difficile » , confie David. Lui et sa petite famille se rendaient à la mairie de Roullours quasiment chaque jour recharger leur portable, « s’il arrivait quelque chose à ma femme, elle est très malade, et pour mes enfants… » Mais toujours une personne qui devait rester sur le campement, au cas où…

Solidarité

Un peu de café, à manger, quelques couverture­s, ou juste quelques mots de réconfort, la solidarité s’est mise en place autour d’eux. Comme cette voisine croisée sur ce logement de fortune : « Je voulais venir avant mais on ne sait jamais si on dérange, et puis on n’ose pas trop… Je ne peux pas admettre que gens soient dehors, surtout par ce temps ! C’était important pour moi de faire un petit coucou, j’en parlais chaque jour à mon mari » , dit-elle dans un sanglot. « Je remercie tous ces gens, ça fait chaud au coeur, ça fait du bien de parler. Et puis la maire de Roullours surtout » , ajoute David.

Un logement

Nicole Desmottes, maire déléguée de Roullours, a appris la situation il y a seulement une quinzaine de jours : « Je ne savais pas du tout qu’ils étaient là, si j’avais appris cette situa- tion plus tôt, j’aurais pu agir beaucoup plus vite. » Elle prend alors cette affaire à brasle-corps : « C’est intolérabl­e de les voir dehors, surtout avec ce temps. Ça me fait mal de les voir comme ça… » , expliquait­elle lundi 11 septembre. Pendant quinze jours, elle travaille à la constituti­on d’un dossier : « Ils ont tout d’abord demandé un grand logement en centrevill­e de Vire mais je leur ai dit qu’il fallait qu’ils fassent une demande plus modeste, que l’essentiel était qu’ils soient logés, ils l’ont très bien compris. On fait tout pour qu’ils aient un toit » . « Il a fallu que la maire s’y mette, c’est une honte de voir ça. C’est pas normal, ils donnent à qui ils veulent ! » , selon David qui souhaite trouver, tout comme son fils, un emploi dans les espaces verts. Lundi 11 septembre encore, la famille attendait « la fin du cauchemar » . La famille a pu intégrer, mardi 12 septembre, un F4 à la Besnardièr­e à Vire, attribué par le bailleur social Calvados Habitat. Reste maintenant à trouver des meubles… « On va continuer de les accompagne­r pour les aider à sortir la tête de l’eau » , affirme Nicole Desmottes.

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David et sa famille ont trouvé refuge sous des bâches et sacs plastiques pendant cinq semaines…

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