La ministre Françoise Nyssen en visite au théâtre du Préau à Vire
Florence Nyssen, ministre de la Culture était de passage à Vire, vendredi dernier. Pour officialiser la labellisation du Centre dramatique régional, Le Préau, en Centre dramatique national. Un hommage à l’excellence artistique.
Souriante et l’air détendu, la ministre de la Culture, Florence Nyssen, a débarqué sur le parvis du théâtre du Préau, vendredi dernier, à 18 h 30 tapantes ! Il pleut. Elle ôte ses lunettes,
les essuie. « S’il vous plaît, pas de photo à ce moment
là ! » lance-t-elle. « OK, pas de
photo ! » répondent les journalistes, coopératifs. Elle franchit les portes du théâtre d’un pas alerte. Le timing est visiblement très serré. Le ban et l’arrière-ban ont été convoqués pour l’accueillir. Dans l’ordre protocolaire, voici : Laurent Fiscus, préfet du Calvados ; Alain Tourret député de la 6e circonscription ; Pascal Alizard, sénateur du Calvados et Marc Andreu Sabater, maire de Vire-Normandie. Puis les invités triés sur le volet. Et bien sûr les deux figures emblématiques du théâtre du Préau : Pauline Sales et Vincent Garanger, codirecteurs. Quel est l’enjeu de cette visite ministérielle ? « Officialiser le passage de Centre dramatique régional de Vire en Centre dramatique national. Avec cette labellisation, le ministère marque son choix pour la création, pour l’excellence artistique et pour les territoires » , répond la ministre.
Service public
« Nous sommes la plus petite ville de France à disposer d’un Centre dramatique national » , lance le maire, Marc Andreu Sabater. « Ce lieu magnifique, permettez-moi de l’ériger en symbole de la décentralisation culturelle. » La décentralisation théâtrale fête d’ailleurs, cette année, ses 70 ans et avec elle la naissance des premiers Centres dramatiques nationaux. Une des missions d’un Centre dramatique étant « d’élargir l’accès à la création théâtrale pour tous les publics » , Pauline Sales et Vincent Garanger ont ainsi repris à leur compte cette fameuse formule : « Le théâtre, service pu- blic, tout comme le gaz, l’eau, l’électricité » , énoncée par Jean Vilar (1912-1971), une grande figure du théâtre du XXe siècle.
Plaisir de penser
« Ces valeurs de la décentralisation, Vincent et moi, nous les avons toujours défendues. Convaincus de la nécessité de l’art dans notre vie quotidienne. Quel que soit notre endroit d’habitation » , explique Pauline Sales. Juste un petit bémol : « Ce travail de décentralisation est souvent méconnu, et peu considéré » , remarquent Pauline Sales et Vincent Garanger. Ils estiment que tout cela reste fragile, porteur d’un questionnement majeur sur le rapport des élus à la culture. « Continuer à convaincre les élus encore septiques et souvent absents, notamment dans nos territoires ruraux. Venez nous voir souvent ! » Telle Circé mettant en garde Ulysse, Pauline Sales proclame : « Ne cédez pas aux sirènes séductrices du tout médiatique. Sonnez l’heure de l’exigence de l’esprit. Du plaisir de penser. »
Exigence artistique
Scutons de près la position de la ministre. Brisant le côté guindé et quelque peu solennel de la visite, elle interpelle les codirecteurs par leur prénom. « Chers Pauline et Vincent, l’exigence que nous avons, c’est la vôtre : c’est l’exigence artistique. Et la création théâtrale se joue ici autant qu’à Paris. Ceci pour répondre aux craintes d’un désengagement de l’Etat en Région. » Puis, elle martèle une
réalité : « Il n’y a pas d’acquis en matière culturelle, il n’y a que des combats répétés ! » Elle n’y va pas par quatre chemins pour soutenir délibérément l’action des codirecteurs. « Je sais pouvoir compter sur vous, Pauline et Vincent, qui démontraient depuis 2009 la force de votre projet artistique. »
Des moyens pour la création
Dans un contexte généralisé de restrictions budgétaires, quid du budget de la culture ? « Les arbitrages ont été rendus » , annonce-t-elle. « Le budget de la culture sera intégralement préservé. Il sera même conforté et plus particulièrement les moyens dédiés à la création. Je tenais à vous annoncer cette bonne nouvelle. »
La visite éclaire s’achève. Françoise Nyssen s’éclipse par la sortie des artistes après avoir lâché : « Nous vous réaffirmons notre soutien. » Si la ministre est partie, elle a laissé dans son sillage un sentiment d’espoir et de son accomplissement possible…