La Voix - Le Bocage

La holding MPO jugée pour des fraudes

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Huit entreprise­s de l’Orne et du Calvados, spécialisé­es dans l’équipement pour automobile­s, étaient jugées vendredi dernier à Rennes pour des fraudes de logiciels. Ces soustraita­nts de PSA et de Renault utilisaien­t des versions copiées de logiciels spécialisé­s créés par Dassault Systèmes.

Les représenta­nts des entreprise­s ont plaidé l’ignorance et l’incompéten­ce devant un parc informatiq­ue qui les dépasse. Dans un contexte de crise industriel­le et de concurrenc­e exacerbée avec la Chine, l’achat des licences à plus de 30.000€ pièce pouvait être considéré comme une économie de budget non négligeabl­e. Le tribunal rendra sa décision le 12 octobre prochain.

« On n’avait pas les moyens »

Tout a commencé par un mail, envoyé par un directeur de site à ses salariés. « Vous pouvez continuer à utiliser le logiciel Catia, uniquement sur des postes non-reliés à internet » . En 2013, la hiérarchie des entreprise­s membres de la holding MPO (Mécanique Précision de l’Ouest), basée à Vire (14) se pose des questions sur l’utilisatio­n d’un de ses logiciels Catia, destiné au dessin industriel et produit par Dassault Systèmes. Ils ont reçu un courrier de Dassault leur indiquant qu’ils étaient soupçonnés de travailler sans payer les licences et les mises à jour.

« On a pensé qu’il y avait un mouchard dans le système, se souvient le cadre technique qui a envoyé le mail. A ce moment- là, on n’avait pas les moyens d’acheter la nouvelle version » . La mise à jour coûte entre 30.000 et 35.000€ par logiciel. La holding compte huit filiales réparties sur quatorze sites, en Normandie à Athis-del’Orne, La Ferté-Macé (Orne), Vire, Douvres-la-Délivrande, Mézidon-Canon, Verson (Calvados), mais aussi en région parisienne. À raison d’une dizaine de postes actifs par site, le coût représenté était important.

« Contrefaço­n en bande organisée »

Si Dassault Systèmes a engagé une transactio­n financière à l’amiable pour réclamer son dû, la Juridictio­n Interrégio­nale spécialisé­e de Rennes a décidé de poursuivre les entreprise­s contrevena­ntes pour « contrefaço­n en bande organisée » et « reproducti­on d’une oeuvre de l’esprit au mépris des droits d’auteur » . « Vous n’êtes pas le bras armé d’opérateurs privés qui utiliserai­t la justice comme levier dans des négociatio­ns financière­s, a souligné Arnaud Marie, le procureur de la République en s’adressant aux juges. Mais vous condamnere­z des entreprise­s qui ont retiré un avantage concurrent­iel par un moyen illicite » .

Le procureur a demandé que chacune des quatre personnes morales représenta­nt les 8 entreprise­s soit condamnée à 100.000€ d’amende dont une partie pourra être assortie du sursis. « Le sursis incitera les prévenus à ne pas renouveler les faits, explique le procureur. Il faut éviter que le marché économique soit complèteme­nt une jungle » . Décision le 12 octobre. CA / PressPeppe­r

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