Il construit une maison en paille
Sur la commune du Tourneur, une maison pas comme les autres est en pleine construction. Avec des murs en paille, cette maison propose pour autant un confort égal aux maisons conventionnelles, mais pour un impact énergétique bien moindre.
Quand on arrive sur le site de construction, rien ne présage du caractère exceptionnel de cette maison pas comme les autres. À l’extérieur, un enduit couleur crème et une architecture typique des maisons normandes. Mais une fois la porte franchie, difficile de ne pas se rendre compte que cette maison est différente. « On est dans une maison qui utilise une technique particulière, le poteau porteur. Les bottes de
paille sont encastrées les unes dans les autres comme du parpaing, et c’est la charpente
qui tient le toit, » explique Jean-Baptiste Roblin, entrepreneur en charge de la construction. Une technique qui fait que cette dernière est apparente, donnant ainsi l’impression que le bois est l’élément principal de la maison. Mais c’est bien la paille qui est ici présente en plus grand nombre, une fois les murs exposés à nu.
Jean- Baptiste le concède d’entrée, l’idée ne vient pas de lui. « C’est Eddy Fruchard, un entrepreneur du sud qui a développé ce genre de maisons. J’ai cependant dû adapter la pente de la toiture à notre région. » La principale qualité de ce type de constructions, en faire un rempart infranchissable qui protège du froid extérieur, mais avec des matériaux à l’impact écologique bien moindre que ceux des maisons traditionnels. Autour de la paille à l’intérieur, simplement un enduit à base d’argile. En ce qui concerne l’extérieur, c’est un enduit à la chaux posée en trois couches. Une isolation qui permet à cette maison d’obtenir des résultats énergétiques dignes des maisons basses consommation. « On peut même aller jusqu’à du passif mais pour cela il faut utiliser des systèmes additionnels. »
Pas juste un isolant
Il faut bien comprendre qu’ici la paille n’a pas juste une fonction d’isolant. Grâce à des sangles placées tous les mètres qui viennent compacter la paille, cette dernière constitue un mur très épais. « Les bottes de pailles pèsent entre 80 et 120 kg par m3. Elles remplissent vraiment le rôle de structure de la maison. Il y a tout de même une structure en bois mais elle est minime, juste présente pour comprimer les bottes de pailles. »
En ce qui concerne la sécurité, là encore pas de question à se poser.
Pour ceux qui pourraient craindre un matériau capable de s’enflammer plus facilement, ce n’est pas le cas. « Une fois que c’est enduit, il n’y a aucun risque. De plus, la paille est tellement comprimée qu’il n’y a pas d’oxygène à l’intérieur. Les tests montrent que les murs résistent au feu durant plus d’1 h 30. Dans les incendies, ce sont souvent les vapeurs toxiques qui tuent les occupants en les asphyxiants. Avec cette maison qui n’uti- lise que des matériaux naturels, pas de risque. » Pareil en cas de tempête ou de loup qui souffle très fort, la maison ne risque pas de s’envoler.
Un entrepreneur indépendant
Pour construire cette maison, Jean-Baptiste Roblin a pu compter sur l’aide d’entrepreneurs indépendants, qui comme lui font partie d’une coopérative baptisée « Les chantiers de demains », basée à Canisy dans la Manche. Cette coopérative lui permet de proposer la construc- tion de ses maisons en pailles dans un délai similaire à celui des maisons conventionnelles. Une aide nécessaire puisque le regard des gens changent. « Il y a une perception de plus en plus positif de la part des gens. On commence à avoir beaucoup de travail, c’est un secteur qui prend de l’ampleur. » On imagine que dans l’avenir, ce seront plusieurs maisons en paille qui vont fleurir dans le bocage, de quoi assurer un bel avenir pour les agriculteurs des environs.