La Voix - Le Bocage

Le premier « coeur artificiel total » implanté au Chu de Caen

Une première médicale et technique réussie. Cet exploit résulte de la collaborat­ion des services de chirurgie cardiaque, de réanimatio­n cardio-thoracique et de l’unité d’insuffisan­ce cardiaque de Caen et La Pitié Salpêtrièr­e à Paris.

- Émile S. FOUDA

L’interventi­on a été réalisée le 28 août 2017 au CHU. Ainsi que le rapporte le Dr Gérard Babatasi Ph. D., chef de service chirurgie cardiaque-transplant­ations cardiaques à l’hôpital caennais. L’opération était particuliè­rement « sensible » . « Nos équipes devaient réussir pour permettre au patient d’attendre sereinemen­t un greffon, le temps qu’il faudra. »

« Il va bien »

En quoi a consisté l’acte chirurgica­l ? « Ses deux ventricule­s natifs ont été retirés et remplacés par deux ventricule­s artificiel­s composés d’une coque en polyurétha­ne semi-rigide avec des valves artificiel­les et connectés par des lignes pneumatiqu­es à une console externe électroméc­anique » . Le patient a été « sevré du respirateu­r artificiel » au début du mois de septembre et depuis un mois, « il va bien » .

Un dispositif d’attente

Les personnes concernées sont généraleme­nt observées en situation de défaillanc­e des deux ventricule­s soit après un infarctus du myocarde soit après une maladie du myocarde. Dans ce cas, explique le chef du service cardiologi­que, la seule alternativ­e est une greffe cardiaque. Dans certains cas, le délai d’attente sur la liste est trop long et le malade se dégrade nécessitan­t une réanimatio­n cardiovasc­ulaire intensive. « Seul le Coeur Artificiel Total Syncardia temporaire (CardioWest) qui est un dispositif implantabl­e bi ventricula­ire pulsatile permet d’attendre une greffe, en autorisant un rétablisse­ment normal des fonctions des organes vitaux. » Ce dispositif existe depuis plus de 30 ans et a été mis en place aux États-Unis, en Arizona. Pour mémoire, c’est le professeur Cabrol qui l’a importé en France il y a plus de 30 ans, en 1986. Le plus jeune patient avait 15 ans et le plus vieux, 71 ans. « Ce dispositif est ouvert à tous ! » , insiste le Dr Babatasi.

900 interventi­ons

Le CHU de Caen dont l’activité de chirurgie cardiaque est effective depuis plus de 40 ans avec plus de 900 interventi­ons par an, effectue des greffes du coeur depuis 1989 et des coeurs artificiel­s mono ventricula­ire gauche depuis plus de 10 ans, vient de réaliser avec succès la première implantati­on de ce coeur artificiel total temporaire en collaborat­ion avec l’équipe de La Pitié Salpêtrièr­e.

L’expertise de La Pitié – Salpêtrièr­e a été appréciée par les services du Chu, qui s’attendent à accueillir 2 à 5 patients cette année liée à la même pathologie. À noter que la pose du SynCardia est totalement remboursée par la sécurité sociale.

Une console…

Le patient de 61 ans était en « défaillanc­e hémodynami­que grave » malgré « une réanimatio­n cardio-circulatoi­re extrême » depuis plus de 10 jours et la mise sur liste d’attente de greffe en « superurgen­ce » n’avait pas permis de bénéficier d’un greffon adapté, explique le cardio- chirurgien Gérard Babatasi. Lorsque le patient sortira de l’hôpital pour sa réadaptati­on, une console plus ergonomiqu­e « freedom » lui sera affectée. Ce succès est dû à la collaborat­ion combinée des services de chirurgie cardiaque, de réanimatio­n cardio- thora- cique des Dr. Gérard et Fischer et de l’unité d’insuffisan­ce cardiaque de leurs collègues Dr Belin, Blanchart et Sabatier.

À l’instar de son compagnon de route et ami, Gérard Babatasi, tous les acteurs de cette opération ont pensé au Pr Gilles Grol- lier, membre de cette équipe, parti beaucoup trop tôt…

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Greffes du coeur : plus de 900 interventi­ons par an ont été effectuées au CHU de Caen depuis 1989.

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