Objets égarés cherchent propriétaires
« Mon vélo, on a volé mon vélo ! » C’est le genre de mésaventures qui peut arriver de temps à autre, par mégarde ou étourderie le plus souvent. Le service des objets trouvés de la ville de Vire veille sur ces biens égarés…
Vire.
Clés, cartes d’identité, portefeuilles, téléphones, sont essentiellement ramenés au service des objets trouvés de la ville de Vire. Mais également parfois des objets plus… insolites ! « Nous avons une trompette et un pèse-personne en stock » , sourit Virginie Lesourd, directrice du service des affaires juridiques et citoyenneté. Les objets sont principalement retrouvés les jours de marché ou lors de manifestations.
90 % des objets déposés le sont par la Gendarmerie et 10 % par les usagers. « Les gens ont le réflexe d’aller déposer les objets qu’ils trouvent à la Gendarmerie, mais la Gendarmerie nous les ramène systématiquement après avoir établi un PV » , explique Virginie Lesourd. La mairie établit ensuite une attestation de dépôt qui devra être signée par la personne ayant déposé l’objet, juridiquement dénommée « l’inventeur » , avant de placer précieusement les objets de valeur dans un coffre sécurisé et les autres dans un local prévu à cet effet.
Identifier le propriétaire
« Très peu d’usagers laissent leurs coordonnées lorsqu’ils déposent un objet alors qu’ils pourraient venir le réclamer passé les délais de conservations légaux » , déplore Virginie Lesourd. « Il y a aussi le problème des gens qui déposent un objet dans la boîte aux lettres de la mairie : on ne sait pas du tout où ni quand l’objet a été trouvé… » , ajoute la directrice. Une fois un objet déposé, Nadine Havard et Annick Renault, assistantes administratives en charge des objets trouvés, vont tenter d’identifier son propriétaire. Et la tâche est loin d’être aisée… Lorsqu’un téléphone portable est ramené, l’équipe tente de chercher dans le répertoire « moi » ou « Maman. » Virginie Lesourd se souvient de l’histoire de cette jeune allemande, venue tout spécialement de Rennes récupérer son bien : « Nous avons dû chercher quelqu’un qui parlait Allemand afin de pouvoir appeler un numéro dans son répertoire. » Mais parfois cela s’avère être plus complexe : « Lorsque qu’il n’y a pas de batterie, ou un code Pin bloquant, et pas de participation des opérateurs, c’est plus compliqué… »
Montrer patte blanche
Lorsque le propriétaire a été retrouvé et averti, il lui faut donner une description la plus précise possible de l’objet. On conviendra que l’exercice s’avère être périlleux quand il s’agit de… clés ! « Quand il y a un porte-clés ou un signe distinctif, effectivement c’est plus facile ! » , souligne Virginie Lesourd. Si le propriétaire n’est pas retrouvé, les objets sont conservés par le service. Le délai de garde varie en fonction de leur nature (3 ans pour les objets de valeurs tels que les bijoux, les téléphones portables, etc. ; 15 jours pour les papiers officiels et les cartes bancaires ; 1 an pour les clés ; 2 ans pour les vêtements, etc.).
Une seconde vie
Passé le délai de conservation, les objets sont soit détruits, soit remis à l’inventeur s’il l’avait demandé en déposant l’objet, soit restitués à l’organisme émetteur. D’autres vont connaître une seconde vie ! « Nous renvoyons les cartes bancaires à la banque, les cartes d’identité à la Préfecture d’émission afin d’éviter la fraude. » . L’argent est remis au domaine public ou au CCAS sous forme de donation lorsque le propriétaire n’a pas pu être identifié. Le problème se pose lorsque le proprié- taire refuse de revenir en mairie chercher son bien, compte tenu de la distance par exemple : « Les personnes doivent formuler par courrier leur souhait d’abandonner leur objet, mais toutes ne le font pas. Et on ne peut rien faire dans ces cas-là… » , regrette Virginie Lesourd. Les lunettes sont quant à elles remises dans des pharmacies et les vêtements donnés à des associations caritatives. En ce qui concerne les portables, « on travaille sur un projet de recyclage avec une association d’insertion. » . Depuis mai dernier, neuf vélos ont été donnés à l’association l’Étape, passé le délai de conservation en mairie, afin que les personnes en recherche d’emplois puissent participer à un atelier de répa- ration. Les vélos bi-cross sont quant à eux confiés au Bi-cross club virois.
N’allez pas penser que tous les propriétaires sont heureux voire reconnaissants à l’idée que leurs biens aient été retrouvés : « On pensait que plus de gens seraient contents, on est surpris….On en a même vu arriver en furie ! » , confient Nadine Havard et Annick Renault. « Certains nous disent que c’est trop tard, qu’on a mis trop de temps, ou qu’ils habitent loin et qu’ils ne vont pas revenir exprès pour ça » , ajoutent-elles.
Et puis à côté de ces réactions bien austères, d’autres propriétaires continuent de chercher en vain leur bien, à l’instar de cette petite dame qui, chaque semaine, se rend à la mairie, dans l’espoir que son sac, sûrement ô combien cher à son coeur, ait été retrouvé… « Quand les gens perdent des bijoux ils sont vraiment tristes car c’est sentimental. Mais c’est rare qu’ils soient ramenés… Nous en avons seulement deux en stock… » Depuis le début de l’année, 52 personnes sont d’ores et déjà venues signaler la perte d’un objet.
Des réactions surprenantes