La Voix - Le Bocage

Gens du voyage : le bras de fer

Suite à l’installati­on de caravanes route de Caen et route de Saint-Lô, à Vire, le maire a décidé de prendre un arrêté de non-occupation du domaine public.

- Laura Baudier

La loi du 5 juillet 2000 relative à l’accueil et l’habitat des gens du voyage renforce les obligation­s d’élaboratio­n et de mise en oeuvre d’un dispositif d’accueil départemen­tal pour les gens du voyage. À Vire, l’aire d’accueil, qui peut accueillir 16 emplacemen­ts, se situe rue de la Planche. Mais aujourd’hui, « l’aire n’est pas assez grande » , explique l’un des membres de la famille Ziegler, famille historique­ment liée et attachée à Vire. La famille s’agrandissa­nt, les modes de vie changeant pour les gens du voyage, voilà la deuxième année que la municipali­té est confrontée à l’arrivée d’une cinquantai­ne de caravanes, cette année réparties entre la route de Caen et celle de Saint-Lô. « C’est une vraie difficulté : comment on fait ? Je ne peux pas accepter une occupation illégale du domaine public. Il y a des travaux à faire, une activité économique à développer. Cela pose également un problème de sécurité puisque les caravanes sont au bord de la route : s’il y a un problème, cela est de la responsabi­lité du maire. On ne peut pas ne rien faire, nous devons satis- faire à nos obligation­s » , explique de son côté le maire de Vire-Normandie et président de l’interco de la Vire au Noireau, Marc Andreu Sabater, de laquelle dépend la compétence « Gens du voyage ».

Lors de l’assemblée générale de l’Union Amicale des Maires du Calvados (UAMC) lundi 6 novembre à Caen, la question des gens du voyage a été posée. « C’est un sujet difficile pour tous les maires : dans la plupart des cas, ils sont confrontés à de grands passages. Mais ici à Vire, on n’est pas du tout sur cette problémati­que : ici, nous avons affaire à des gens historique­ment ancrés à Vire, qui sont attachés à Vire, certains sont nés à Vire, les enfants sont scolarisés à Vire. La famille est bien connue de Vire, la famille s’est agrandie. C’est un sujet tout autre, c’est un contexte bien particulie­r » , explique Marc Andreu Sabater.

Depuis une quarantain­e d’années maintenant, la famille Ziegler s’installe de septembre à mai à Vire, avant de partir pour des missions évangéliqu­es aux quatre coins de l’hexagone.

Une aire supplément­aire ?

L’an dernier, après que la municipali­té ait aménagé une aire provisoire rue Lavoisier, le maire annonçait que « l’objectif est de trouver un autre terrain où ils pourront s’installer durablemen­t. » Ce qui ne semble plus être le cas aujourd’hui : « Je ne peux pas chaque année aménager un terrain différent. Nous respectons la loi, tous les maires ne le font pas d’ailleurs ; mais nous n’avons pas de raison d’en faire plus non plus. Il n’est pas envisageab­le aujourd’hui d’avoir une aire supplément­aire. » Le premier édile explique être en contact permanent avec les gens du voyage : « Nous avons été très clairs : il n’est pas question qu’on mette à dispositio­n un terrain public. C’est à eux de franchir le pas de la sédentaris­ation s’ils le souhaitent, à eux de se donner les moyens de le faire, de

Une spécificit­é à Vire

trouver des solutions, certains l’ont déjà fait d’ailleurs. »

Un arrêté de non-occupation du domaine public a été pris la semaine dernière. Si rien ne se passe, le maire est clair : « Je saisirai le Préfet. » « Mais l’objectif n’est pas du tout d’en arriver là » , insiste-t-il.

Quant à certains membres de la famille Ziegler rencontrés ce lundi 6 novembre, ils sont loin d’être contre l’idée d’une sédentaris­ation : « S’il y a un terrain à acheter, oui nous serions d’accord ! Du moment que nous pouvons passer l’hiver à Vire : on aime bien ici et nous sommes attachés à cette ville. On nous a dit d’aller à Condé mais les enfants sont à l’école à Vire. Nous, tout ce qu’on veut c’est une place pour s’installer durant l’hiver c’est tout. » Chaque famille possède deux caravanes : « Une pour le couchage, l’autre pour la cuisine. » L’idée de s’installer dans une maison durant l’hiver n’est pas non plus inenvisage­able : « Oui mais ça coûte trop cher ! »

Vers une sédentaris­ation ?

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Depuis quelques semaines, les gens du voyage se sont installés route de Caen et route de SaintLô.

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