La Voix - Le Bocage

Entre enseigneme­nt, création EXPOSITION DE PATRICK THOMÉ. et militantis­me culturel

Patrick Thomé a posé ses valises en lisière de forêt séverine, sans doute pour avoir la distance idéale afin d’observer une société qu’il n’a de cesse d’interroger ; cette juste distance, bienveilla­nte, qui lui permet de croquer le monde.

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Patrick Thomé dit de lui avec malice : « Je me définis comme un homme des casernes » , lui qui fut objecteur de conscience à l’heure du service militaire. Né en Allemagne en 1946 dans une famille de dirigeants militaires, Patrick Thomé se souvient d’une vie très agréable si ce n’est le contact difficile avec les petits voisins « En Allemagne, j’étais un peu mis de côté par les enfants Allemands parce que, fils d’officier de l’armée d’occupation post-conflit, j’étais le petit français. Cette difficulté d’intégratio­n m’a poursuivi toute mon enfance », car lorsque je suis rentré en France, à l’âge de 7 ans, j’ai été considéré comme le « petit allemand », nous raconte-t-il. Il se passionne très rapidement pour l’Art, fait l’Ecole des Beaux-arts et devient professeur de dessin en 1968 ; il enseignera à Ouistreham, Caen, Vire.

Détaché à la Ligue de l’Enseigneme­nt, il contribuer­a à la mise en place d’un réseau de galeries dans le cadre de l’Education Nationale.

En 1974, il se pose au lieu-dit Bois de Cotigny, près de SaintSever.

Dès 1978, Patrick Thomé présente de nombreux travaux dans différente­s galeries, notamment à Honfleur.

De sa rencontre avec Jean Dubuffet, maître de l’art brut, naîtra une longue et fructueuse correspond­ance sur le refus du conditionn­ement culturel. Le goût de la liberté et la lutte contre une sorte de prédétermi­nisme social et culturel qui le fera, entre autres, exposer avec son ami le poète Jean l’Anselme au théâtre de Caen dans les années 80, avec la complicité de François de Cornière (animateur des « Rencontres pour lire » ), mais également s’investir par la suite dans de multiples domaines des arts plastiques : participat­ion à de nombreux symposiums de sculpture, réalisatio­n d’oeuvres monumental­es ( Musée Anacréon à Granville, Prison d’Argentan), création d’événement d’art contextuel (Vire 1985), coorganisa­tion avec le plasticien Regis Bodrug d’une opération de Mail Art (Bleu Outremer), installée au Musée de Papeete à Tahiti, conception d’oeuvres in situ (Parc des enclos, Deauville 2006 ; Parc du Château de Verson en 2009). Depuis 1996, il expose fréquemmen­t à Caen, mais également en Ukraine, Pologne, République Tchèque.

Aujourd’hui, Patrick Thomé navigue entre ses deux ateliers de Caen et Saint-Sever et le reste de la planète et de ses habitants. Contrairem­ent à nombre de ses pairs, il ne vit pas recroquevi­llé sur son art, loin de là. L’homme est définitive­ment ancré dans la société, ouvert au monde qu’il n’a de cesse de parcourir, découvrir et comprendre ; il aime le dialogue, les rencontres qui enrichisse­nt donc libèrent. L’actualité, les sciences, la littératur­e, le théâtre, le cinéma, le fonctionne­ment des sociétés, celui des Hommes… tout l’intéresse. Il collection­ne les expérience­s dont il nourrit ses oeuvres. « Mon travail est lié à un engagement qui m’amène à avoir une réflexion sociale, écologique, historique ; il est également très lié à mon vécu », explique le plasticien. « Toute oeuvre est un autoportra­it », ajoute-t-il avec un sourire, citant Picasso. Patrick Thomé est également président de l’associatio­n D.U-N.E. associatio­n caennaise qui promeut l’art contempora­in au-delà des frontières. « L’échange, le métissage, la rencontre, la tolérance, sont les maîtres mots de D.U-N.E. qui organise depuis de nombreuses années des manifestat­ions aussi bien à l’étranger qu’en France » explique-t-il. Présente à Caen depuis plus de 25 ans, D.U-N.E. s’efforce de rendre l’art contempora­in populaire en organisant des performanc­es ouvertes au plus grand nombre.

Des expos internatio­nales

Patrick Thomé présentera un de ses derniers travaux. « La môme bonbons », assemblage de papiers de bonbons ; entre cynisme de la société de consommati­on et douceur des souvenirs d’enfance jusqu’au 31 décembre à l’Espace Galerie, salon de thé So’friandises 3, rue Pasteur (angle rue de l’Ecanet) à Villers-Bocage. Avec les créateurs, peintres, photograph­es et assembleur­s d’idées Jacques Bacheley, Régis Bodrug, JeanPierre Désert, Jean-Marc Léger, Patrick Thomé, Claude Py,

Entre Caen et Saint-Sever

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