La Voix - Le Bocage

ARCHÉOLOGI­E. Les Virois seront associés

- Laura Baudier

Vire.

Dans notre édition du 2 novembre dernier, nous vous annoncions la découverte de vestiges d’une ancienne ville gallo-romaine qui s’étend sur quelque 10 hectares. Ces vestiges ont été mis à jour au cours du diagnostic archéologi­que réalisé par l’institut national de recherches archéologi­ques préventive­s (Inrap) préalable au lancement des travaux de viabilisat­ion de la tranche d’extension de la Papillonni­ère. Les découverte­s au cours de ces premières fouilles, qui se sont déroulées de mi-avril à mi-juin, justifient pour la Direction régionale des affaires culturelle­s (Drac) des investigat­ions complément­aires. Ces dernières devraient commencer en début d’année prochaine et durer entre six et onze mois. Mercredi 22 novembre, Cyrille Billard, conservate­ur régional adjoint à la Drac, s’est rendu à Vire pour en dévoiler un peu plus sur les découverte­s déjà réalisées.

La première particular­ité de cette découverte réside dans le fait qu’il s’agisse d’un site complet puisque les limites de ce grand domaine antique sont visibles. « Le domaine agricole est délimité par un grand fossé. Nous avons les plans du bâtiment avec ses fondations » , souligne Cyrille Billard. De par son ampleur, cette découverte constitue le premier exemple d’établissem­ent rural de cette taille mis à jour quasi intégralem­ent sur l’ex BasseNorma­ndie.

Le site sera intégralem­ent fouillé mais des « éléments intéressan­ts » ont d’ores et déjà été mis à jour : « Nous avons notamment découvert des poteries qui nous permettent de fixer les liens économique­s en place à l’époque puisqu’elles proviennen­t d’Espagne et du sud de la France. Nous avons également mis la main sur du marbre qui provient de Tunisie, de Grèce et d’Espagne. Une économie déjà planétaire ! Ou presque… » , sourit le conservate­ur. Des céramiques sigillées ont également été trouvées : « Ce sont des céramiques très décorées. Elles dateraient du Ier siècle avant notre ère. » Ainsi que des dallages en mosaïque, des débris de tuiles et une tête de cheval en bronze.

Dans le cadre du projet, une zone humide avait été préservée, « elle témoigne de la présence de moulins puisque nous avons trouvé des fragments de moulins circulaire­s » , affirme Cyrille Billard.

D’autres à venir ?

Les villas gallo- romaines étaient constituée­s de deux parties : une partie résidentie­lle ( pars urbana) et une partie agricole ( pars rustica), composée des bâtiments d’exploitati­ons et ceux occupés par les ouvriers agricoles. « Nous n’avons pas trouvé de choses hyper luxueuses… On n’a pas de thermes par exemple. Mais il nous manque encore un petit bout à explorer » , précise le conservate­ur. Un bâtiment énigmatiqu­e suscite également la curiosité : « Cela peut être un temple ou édifice agricole. »

Les Virois acteurs du projet

Une fois l’appel d’offres lancé pour choisir l’opérateur (public ou privé mais tous agréés par le Ministère de la Culture), les fouilles pourront commencer. Communauté de communes, État et opérateurs doivent maintenant concilier contrainte archéologi­que et développem­ent économique. Des actions pédagogiqu­es et des campagnes de communicat­ion devraient être menées afin de faire profiter les habitants de l’avancée des recherches. Des visites du chantier par les scolaires pourraient, par exemple, être envisagées.

Certaines pièces devraient rejoindre le musée de Vire à sa réouvertur­e ( d’ici deux ans) : « Dès les premiers sondages, la question a été posée du lien entre les fouilles et le musée. On a demandé une mise en dépôt au musée de Vire des éléments les plus intéressan­ts » , souligne Serge Couasnon.

De précieuses découverte­s

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Vue aérienne lors du diagnostic archéologi­que (photo Drac). Céramique sigillée gallo-romaine (photo Drac).

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