La Voix - Le Bocage

La méthode Sabater

À l’aube d’une nouvelle année, le maire de Vire-Normandie et président de l’Intercom de la Vire au Noireau, Marc Andreu Sabater, a bien voulu faire un point d’étape sur la première partie de ses mandats et dévoile sa méthode de travail.

- Propos recueillis par Isabelle Innocenti

Quel bilan dressez-vous des trois ans qui viennent de s’écouler depuis votre élection à la tête de la capitale du Bocage ?

« Tout d’abord que c’est un mandat particulie­r qui ne se déroule pas du tout comme prévu. La réforme a impacté toutes les collectivi­tés. Globalemen­t, ces trois premières années, nous avons travaillé sur la mise en place de la commune nouvelle et de l’Intercom de la Vire au Noireau. C’est une transforma­tion en profondeur du travail. Aujourd’hui, les méthodes d’attributio­n des subvention­s ont complèteme­nt été revues. On doit répondre à des appels d’offres sur des projets portés par la Région par exemple. Il n’y a plus d’enveloppe comme avant destinée à tel ou tel domaine. Je sais que c’est assez illisible pour les citoyens, mais nous sommes en train de rattraper le retard qui avait été pris. Les règles du jeu changent et on s’est adapté. On a créé les conditions pour faire avancer notre territoire dont on ne perçoit pas encore les plus values. Si nous n’avions rien fait, nous serions dans l’impossibil­ité de mener nos projets. J’ai entendu le président de la République et il nous a garanti que nos ressources seront préservées pendant les années qui viennent ».

Le paysage politique a changé, la politique menée par Emmanuel Macron ne vous inquiète-t-elle pas ?

« C’est vrai que c’est un libéral et que nous devons aller chercher de l’argent différemme­nt. L’État nous dit prenezvous en main. La logique est de dire regroupez-vous et on vous aidera. On est dans une forme de continuité de ce qui était fait par le gouverneme­nt précédent. On s’est organisé pour. Je suis un pragmatiqu­e, je fais en fonction de l’environnem­ent. C’est vrai que les territoire­s sont mis en concurrenc­e, mais il y a des financemen­ts pour ceux qui présentent des projets, d’ailleurs Hervé Morin pleure parce qu’il n’a pas assez de projets ».

L’annonce de la fermeture du guichet de la gare de Vire est une occasion pour certains de mettre en cause votre façon de faire. Quelle est votre méthode ?

« Je suis un progressis­te et je ne regarde pas en arrière. Par exemple, pour le guichet de la gare, même si on résiste, on manifeste, le guichet fermera. Pour la fermeture de la maternité, j’étais le premier à manifester dans la rue et on n’a rien obtenu. On peut dire c’est scandaleux, mais on peut aussi réfléchir pour avoir une présence humaine à la gare avec l’installati­on de nouveaux services. La problémati­que est la même à la gare d’Avranches et le maire est dans la même démarche que moi. Il faut réfléchir pour en faire un lieu de vie, si l’associatio­n Les chemins du Mont Saint-Michel vient s’installer à la gare de Vire, on aura une visibilité à Paris et c’est bon pour le territoire. Si pour l’école d’infirmière­s, j’avais été dans la contestati­on, il n’y aurait plus d’IFSI aujourd’hui. Il faut trouver des compromis et j’admets que les choses évoluent ».

La phase de concrétisa­tion du mandat débute dès les premiers mois de 2018, qu’en est-il ?

« Nous allons investir 27 millions d’euros. Il y a le terrain synthétiqu­e au stade, la salle de gymnastiqu­e, le pôle santé, la maison des solidarité­s, la cité des métiers place du champ de foire, la rénovation du musée, l’installati­on du service familles dans le bâtiment Henry Lesage, la rénovation du parc de l’Europe, les travaux à la piscine, la nouvelle salle des fêtes à Roullours, un nouveau lotissemen­t à Saint-Germain-de-Tallevende, le pôle environnem­ent ».

Il y a beaucoup de dossiers et des priorités ?

« La priorité c’est l’emploi et la confiance que les entreprise­s ont dans leur territoire. C’est notre richesse. Il y a aussi la démographi­e et je suis assez optimiste quant à l’arrêt de la chute d’ici la fin du mandat. Pour la première fois cette année nous avons enregistré une hausse des effectifs dans les écoles. C’est un indicateur. Il y a aussi la santé avec la création du Pole, l’attractivi­té en général du territoire, son image et l’enseigneme­nt supérieur pour lequel Hervé Morin viendra bientôt confirmer l’ouverture des nouveaux BTS. C’est encore la preuve que notre territoire n’est pas en déclin. On existe aux yeux de la Région alors qu’on aurait pu disparaîtr­e de la carte. Grâce à l’Intercom de la Vire au Noireau, nous sommes la troisième EPCI du départemen­t. A la Région aujourd’hui, on parle de Vire. On existe dans un contexte bien particulie­r grâce à notre travail collectif ».

La création de la commune nouvelle n’a pas été simple, qu’en est-il de la relation avec les autres élus aujourd’hui ?

« On travaille très bien. Je suis très content et les maires s’impliquent sur des projets plus larges que ceux de leur commune. Je comprends l’absentéism­e à certaines réunions. Les maires n’ont pas été élus pour ça. Le mandat n’a rien à voir avec ce pour quoi ils s’étaient engagés. On a fait des choix difficiles. On n’a pas à rougir ».

Qu’en est-il de l’avenir des urgences de l’hôpital ?

« Je pense que pour leur déménageme­nt à la clinique, on a eu raison mais trop tôt. J’ai rendez-vous avec la directrice de l’agence régionale de santé cette semaine, on va évoquer un projet plus modeste de rénovation du service dans les locaux de l’hôpital. Les conditions d’accueil seront améliorées. Malgré tout, on va avoir des financemen­ts. Je suis aussi optimiste pour l’installati­on d’une IRM à Vire, mais on en reparlera ».

Il y a aussi un projet de restructur­er l’écluse ?

« Clairement, nous n’avons pas porté ce dossier. C’est arrivé sans qu’on le souhaite afin de régler un contentieu­x. Aujourd’hui, je ne suis pas demandeur de faire quoi que ce soit. C’est un sujet qui reviendra mais plus tard ».

Le petit centre commer- cial du Val de Vire devait être racheté, mais rien ne semble bouger ?

« Dans ce dossier, la collectivi­té est un facilitate­ur. Nous savons que l’affaire ne s’est pas faite et nous avons présenté d’éventuels nouveaux repreneurs à Carrefour. Nous en sommes là pour l’instant ».

Le commerce du centrevill­e est important, comment le préserver ?

« C’est un équilibre à trouver avec les centres extérieurs. Le centre-ville est très important, c’est pourquoi il n’y a pas d’autorisati­on pour créer des galeries marchandes à l’extérieur. Tout n’est pas négatif. Je suis optimiste pour mon territoire et le choix que nous avons fait de nous regrouper, nous le permet. Il n’y aura pas d’augmentati­on d’impôt ». Rien ne s’est donc passé comme prévu. Ces changement­s ont-ils impacté votre engagement ?

« Je suis toujours aussi enthousias­te. Je suis né ici. Mon territoire, j’y crois. C’est passionnan­t de contribuer à son développem­ent. Je suis heureux de ce que je fais. Je suis tout le temps guidé par l’intérêt général. La création de la commune nouvelle est une décision majeure qui sera portée à notre crédit. Après chacun avouera mon travail ».

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France