La Voix - Le Bocage

La prière du Notre Père change dimanche

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Le dimanche 3 décembre prochain, la nouvelle traduction du Notre Père sera prononcée, pour la première fois, par les fidèles lors de la messe dominicale.

Lorsqu’ils réciteront la prière, ils ne diront plus : « Ne nous soumets pas à la tentation », mais : « Ne nous laisse pas entrer en tentation ». Erreur de traduction ou erreur d’interpréta­tion ? Réponse avec le père François Lecrux, vicaire de la paroisse Saint-Jean-du-Bocage. Il aura fallu près de 50 ans à l’église pour corriger une erreur de traduction ?

Il ne s’agit pas d’une faute de traduction, mais d’une interpréta­tion prêtant à confusion, au fil du temps. Cette sixième demande du Notre Père est d’ailleurs la plus difficile à traduire. La version littérale du grec est : « Ne nous induis pas en tentation ». Or, le verbe « induire » a plusieurs significat­ions. Aujourd’hui, il est le plus souvent employé dans la locution « induire quelqu’un en erreur ». D’où une confusion possible dans l’ancienne ver- sion « Ne nous soumets pas à la tentation » ?

Oui, la formulatio­n de 1966 peut laisser supposer que Dieu serait à l’origine de la tentation qui mène au péché. Or, ce n’est pas Dieu qui nous soumet à la tentation. En revanche, il est bien entendu que chacun de nous sera soumis à la tentation. Le verbe « soumettre » avait donc une certaine légitimité. Pourquoi la traduction du Notre Père est-elle un exercice si sensible ?

Parce qu’il s’agit de la prière que Jésus, lui-même, a enseignée à ses disciples. C’est donc la prière fondamenta­le pour tout chrétien. La réflexion sur le sens des mots que nous prononçons dans cette prière ne date, d’ailleurs, pas d’hier. Écoutons saint Jacques : « Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : Ma tentation vient de Dieu. Chacun est tenté par sa propre convoitise, qui l’entraîne et le séduit. » Mais, Jésus lui-même a connu la tentation ?

C’est exact. Jésus est emmené par l’Esprit dans le désert « pour être tenté par le diable », comme il est dit dans l’Évangile selon saint Matthieu. Ainsi, Dieu permet que nous soyons tentés. Il ne s’agit donc pas de supplier Dieu de nous épargner la tentation. Mais bien davantage de lui demander de nous éclairer afin de ne pas tomber dans le péché. Le Saint-Esprit n’a pas mené Jésus à la tentation, il a mené Jésus au désert pour qu’il y soit tenté. Chaque baptisé ayant reçu l’Esprit de Dieu, sera forcément exposé à la tentation. Pourquoi est-il impensable que Dieu nous expose au mal ?

Ce serait une hérésie : Dieu ne tente personne par le mal ! L’amour de Dieu est infini pour chacun d’entre nous ! Concrèteme­nt, quelles mesures vont être prises ?

Des supports avec le nouveau Notre Père vont être distribués à toutes les messes. Bien sûr, cela va bousculer les habitudes ancrées de longue date. Il y aura des hésitation­s, des erreurs, avant que les fidèles n’intègrent cette traduction désormais en usage. Cela permettra de porter une plus grande attention encore à cette prière que Jésus nous a confiée.

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La 6e demande du Notre Père devient : « Ne nous laisse pas entrer en tentation. » (photo d’archives).

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