La Voix - Le Bocage

Métiers d’autrefois : quand la passion réunit les génération­s

L’heure de la retraite a aujourd’hui sonné pour Francis Goret, l’un des derniers selliers garnisseur­s de la région. Le temps est venu de passer la main.

- Laura Baudier

Vire.

Il est de ces belles histoires qu’on aime à découvrir, de ces métiers dont on ignorait l’existence et qui d’un coup vous captivent, de ces heureux passionnés qui vous font partager un brin de la flamme qui les anime. Au 18 rue de l’Artisanat, caché au fond d’une petite cour, Francis Goret et sa future remplaçant­e, Ludivine Parfait, ont pris la corde de l’avenir !

Après avoir passé 17 ans chez le même patron à La ChapelleCé­celin (Manche), Francis Goret ouvre sa propre entreprise de sellier garnisseur en 1988, alors âgé de 30 ans. D’abord installée à Bischwille­r, l’entreprise investit la rue de l’Artisanat en 2000. Oui mais voilà, l’heure de la retraite a aujourd’hui sonné… « Je ne m’attendais pas à trouver un repreneur, ça m’embêtait de fermer comme ça sans personne derrière mais je me suis dit que, vraiment, c’était un coup de bol si je trouvais quelqu’un » , explique Francis Goret. Et puis, en septembre dernier, voilà que la pétillante Ludivine fait son apparition ! Et déjà, une belle complicité semble s’être installée entre Francis aux allures de vieux loup fort sympathiqu­e de mer et l’étonnante trentenair­e. Une belle rencontre et une belle surprise pour ces deux-là !

Une surprenant­e reprise

Après avoir travaillé en bijouterie, au casino de Granville pendant neuf ans, dans la conception de cuisines, puis en informatiq­ue, Ludivine Parfait a décidé aujourd’hui de se lancer dans cette nouvelle aventure que représente pour elle le métier de sellier garnisseur : « J’en ai eu marre d’être assise derrière un bureau toute la journée » , sourit-elle. « Et puis avec mon mari on aime bien les véhicules anciens » , ajoute la sympathiqu­e jeune femme. Elle intègre alors la formation adulte de sellier garnisseur des Compagnons du Devoir à Pantin (SeineSaint-Denis) à l’automne dernier où elle alterne 13 semaines d’école et formation en entreprise. « J’ai eu la chance de rencontrer Francis » , explique Ludivine, originaire de Saint-Lô (Manche). Ce qu’elle aime avant tout ? « La diversité, le fait de concevoir. »

Sa formation court jusqu’en juin prochain. Viendra ensuite le temps de la reprise de l’entreprise dont la date n’est pas encore déterminée. « Il y a beaucoup de choses à apprendre » , avoue Ludivine.

Un « vieux métier » qui résiste

Sellerie du Bocage est la seule entreprise de sellier garnisseur de la région, « les plus proches sont à Bayeux, Caen et Lisieux. » Si les clients viennent essentiell­ement de la région, certains viennent toutefois de région parisienne.

Dans l’atelier de Francis, passion et polyvalenc­e règnent en maître ! Car si l’activité se concentre essentiell­ement sur de la restaurati­on de véhicules anciens, l’artisan peut aussi être amené à travailler le garnissage de coussins de canapés, de matelas médicaux, de tables de médecin, de brancards, de fauteuils de dentiste, de tapis de fournil de boulangers, de selles de motos, de quad ou de jet-ski, d’engins agricoles, de campingcar, etc. Et la liste serait longue à énumérer !

Concernant les véhicules, le sellier garnisseur travaille aussi bien sur du neuf que de l’ancien et peut refaire sièges, capote, moquette, panneaux de portes, volant si celui-ci est en cuir, etc. « On travaille tous les matériaux souples : tissu, alcantara, cuir, Skaï, moquette » , explique Ludivine. Les clients de Francis peuvent aussi bien être des garages que des particulie­rs.

Francis ce qu’il aime avant tout ce sont… les Cabriolets ! « Je me démarque avec ça » , sourit-il. Il aime les belles voitures, les toucher, les rénover, leur donner un second souffle. « Quand le travail est fini on est content, ça fait plaisir, et de voir le client content aussi » , ajoute ce passionné de courses. Alors quand on lui demande de refaire un intérieur complet, il part sur les chapeaux de roue ! Dernièreme­nt, il a refait les deux sièges avant d’une SM Maserati qui lui ont demandé 30h de travail : « Quand on voit le résultat, on est content » , explique Francis qui avoue pourtant avoir appréhendé ce modèle « compliqué » au début de sa carrière. Question temps de travail, difficile de chiffrer : « Un véhicule ne fait pas l’autre. » Mais pour refaire l’intérieur com- plet d’une Alpine (portes, sièges, tableau de bord, toit, volant s’il est en cuir, soufflet de levier de vitesse, bâche, etc.) il faut compter une bonne centaine d’heures.

Pour faire ce métier, « il faut aimer l’automobile, aimer le travail bien fait, aimer travailler la matière, aimer créer et être passionné » , pour Francis Goret. Et à la vision du métier, les deux comparses se rejoignent : « Être rigoureux, minutieux, passionné et aimer concevoir » pour Ludivine. Pas de doute, demain sera « Parfait » !

Une passion vrombissan­te

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