AGRICULTURE. Un lait « Vachement normand »
« Vachement normand », c’est le nom de ce nouveau lait collecté par des producteurs locaux, conditionné par la laiterie Gillot (Orne) et distribué par les 37 centres Leclerc normands. Une grande première si l’on ajoute qu’il s’agit d’un lait AOP et sans O
L’histoire de ce lait 100 % normand remonte à la fin 2015 au moment où la production laitière traverse de graves difficultés.
« À cette époque, la grande distribution était souvent prise pour cible et désignée comme responsable. Nous avons alors décidé de réagir et d’aller à la rencontre des producteurs pour mettre en place avec eux un lait 100 % normand qui garantisse aux éleveurs un revenu décent et qui réponde aux attentes des consommateurs, de plus en plus soucieux de qualité et d’authenticité au juste prix. Notre projet se résumait ainsi : un lait qui soutienne l’économie régionale » , résume Vincent Sailly, directeur du centre Leclerc de l’Aigle en charge de la commission commerciale de la Scanormande (centrale d’approvisionnement régional de Leclerc).
Un symbole
De son côté, la laiterie Gillot, familiale et indépendante, installée à Saint-Hilaire-de-Briouze dans le bocage ornais, cherchait à valoriser les surplus de lait AOP, qui jusqu’alors partaient en poudre.
L’une des plus anciennes fromageries de Normandie, qui fabrique encore un camembert au lait cru et à la louche, réfléchissait à une diversification susceptible de contribuer à pérenniser son activité en lui assurant une meilleure valorisation de ses excédents de lait.
« Le projet d’une ligne de production UHT était dans les tuyaux », explique Émilie Fléchard, en charge du marketing, et précise que « Gillot garantit pour ce lait AOP un prix déconnecté du prix de base » , c’est-à-dire de 20 à 25 % supérieurs à ce qui peut être pratiqué pour un lait conventionnel.
Très enthousiaste, Émilie Fléchard avoue que pour elle, ce lait est un symbole. « C’est en effet un vrai lien avec le terroir. Il est aussi embléma- tique de nos valeurs. »
Quant aux producteurs de lait qui fournissent Gillot, c’était le troisième pied idéal de ce trépied puisqu’ils produisent un lait provenant de vaches laitières normandes qui pâturent au minimum 6 mois. « C’est tout de même plus sain et naturel que de nourrir une vache avec du soja importé du Brésil » , pointe Benoit Duval, l’un des fournisseurs de ce lait « Vachement normand » pour qui ce lait est aussi une façon de préserver sa santé, de soutenir l’économie locale et d’agir au quotidien pour l’environnement.
Onze centimes de plus
Car après plus de deux ans de démarches, le 7 février 2018, ce lait 100 % normand a donc vu le jour. Il est depuis ce jour commercialisé dans les 37 centres Leclerc normands qui ont fait « des efforts pour réduire leur marge à 17 % » , précise Vincent Sailly.
Grâce aux efforts du transfor- mateur et du distributeur, la moitié du prix de vente de ce lait va revenir au producteur. La brique de lait « Vachement normand », AOP et sans OGM, coûte 81 centimes soit en moyenne onze centimes de plus qu’un lait basique. C’est le prix à payer cette fois par le consommateur qui souhaite acheter ce lait 100 % normand et sans OGM.
Le trio « producteur-transformateur-distributeur » table sur un million de litres de lait par an. Gillot assure pouvoir produire avec sa ligne de fabrication actuelle 4, voire 6 millions de litres. Mais chacun est prêt à faire face à la demande si cela s’avérait nécessaire d’autant qu’il semblerait que les consommateurs, depuis la mise en rayon de ce lait normand, soient déjà au rendez-vous !