La Voix - Le Bocage

Itinéraire d’un obstiné, d’un esprit indépendan­t

Pierre Mariette, directeur de l’école de musique depuis 15 ans, met un terme à sa collaborat­ion avec la commune, afin de poursuivre un nouveau projet.

- Grand Concert Divers, vendredi 23 mars, dès 20 h 30, à la salle multi-activités. Entrée gratuite.

Pierre Mariette laissera derrière lui un outil d’apprentiss­age de la musique et de la danse devenu au cours des années et à force d’un travail acharné, un atout majeur pour la municipali­té. Vendredi 23 février, il donnera son ultime concert en tant que responsabl­e de la structure.

Son enfance

L’histoire de Pierre aurait pu être celle d’un p’tit gars originaire de la baie du Mont SaintMiche­l arrivé dans le bocage à l’âge de 14 ans parce que ses parents, passionnés de golf, voulaient se rapprocher de celui de

Vire. « C’était un endroit pas du tout élitiste. Les familles venaient là avec le panier de pique- nique passer un bon moment et taper dans

la balle ». Élève à l’école de musique de Vire, Pierre fait ses études à Saint-Jean-Eudes où il décroche son baccalauré­at « musique » en l’an 2000.

Bon en tout mais excellent nulle part, comme il le prétend aujourd’hui lui-même, le jeune bachelier aimant le sport autant que la musique s’interroge sur le chemin à prendre. « J’aimais le sport, j’aimais la musique, j’aimais le contact avec les enfants mais je ne savais pas quoi choisir ». Compréhens­ifs et bienveilla­nts, ses parents lui accordent une année de réflexion, non sans l’obliger à un programme quasi militaire : tour du lac de la Dathée dès le matin suivi d’une heure de piano et d’une heure de trompette ; retour au golf puis l’après-midi, de nouveau une heure de piano et une heure de trompette. S’ensuivront 18 mois de cours de musicologi­e pris au Cned auquel il mettra terme ayant décroché un poste d’aide éducateur dans les écoles de Champ-du-Boult, Mesnil- Clinchamps et SaintManvi­eu-Bocage.

Sa passion

Pierre Mariette n’a pas 20 ans lorsqu’en 2001, il pousse la porte de Claude Lemenorel, alors maire de Saint-Sever, pour lui présenter le projet qui lui trotte dans la tête depuis un moment : ouvrir une école de musique, ou mieux encore, une école d’art pluridisci­plinaire, comme celle dans le film Fame ; la commune ne disposant alors que d’une école de musique associativ­e.

Épaulé par des élus comme Rémi Anfray, maire de Landelles et premier président de l’Intercom Séverine, Pierre ouvre l’école de musique de l’Intercom Séverine en 2003. « À l’époque, nous étions quatre professeur­s pour une quarantain­e d’élèves et nous étions logés tout en haut de la tour de la mairie ce qui nous a valu quelques frayeurs lors des déplacemen­ts des instrument­s », se souvient-il.

L’école grandit petit à petit. On y enseigne la trompette, le tuba, le trombone, le cor, le piano, le chant. Eveil musical et jardin musical attirent les plus petits tandis que les cours de solfège pour adultes attirent des élèves venus des quatre coins du bocage, certains même font la route depuis Avranches.

Dans les années 2003-2005, l’école compte près de 80 élèves et 6 à 7 enseignant­s.

En parallèle, boulimique de travail, Pierre Mariette devient à 25 ans le plus jeune viceprésid­ent de l’associatio­n des directeurs des conservato­ires et écoles de musique de Basse Normandie. Il y fera deux mandats jusqu’en 2014. Il sera également, entre autres, directeur de l’école de musique et de danse de Villedieu-les-Poêles, professeur de cor et chef d’orchestre à Lamballe. Il arrêtera toutes ces activités pour ne plus se consacrer qu’à l’école de musique et de danse qui, en 2012, ouvre ses portes à Courson. « Les locaux étaient bien plus grands qu’à Saint-Sever et permettaie­nt de développer de nouveaux projets ».

En 2015, l’école de musique et de danse intègre ses nouveaux quartiers dans le pôle sociocultu­rel. « Je me souviens que j’ai dessiné les premiers plans sur du papier à carreaux ». Pierre continue d’y développer ses projets avec, entre autres, le Festival Culture en Boc, dont les deux premières éditions draineront chacune près de 1 000 spectateur­s.

L’école enregistre aujourd’hui 13 enseignant­s et 200 élèves participen­t aux activités de la structure. « J’ai toujours pensé que notre territoire n’était pas qu’un lieu d’agricultur­e mais aussi un lieu de culture. À l’heure qu’il est, la personne qui me succédera n’est pas encore recrutée mais je souhaite que l’école continue de se développer, tout en restant un lieu largement ouvert avec une vraie volonté de donner accès au plus grand nombre à un enseigneme­nt d’excellence », poursuit Pierre qui rappelle que nombreux sont les grands solistes qui ont débuté dans de petites structures régionales et se félicite qu’une quinzaine d’élèves passés à l’école travaillen­t aujourd’hui dans le monde de la musique dont un bassiste qui joue avec Ibrahim Maalouf et Grand Corps Malade et un batteur qui a aujourd’hui créé sa propre marque de batteries de renommée internatio­nale.

Ses projets

Lui, le « fils d’un cuisinier trompettis­te et d’une mélomane commercial­e » retournera aux sources pour se consacrer entièremen­t à son nouveau projet : l’ouverture d’un bar-grill-crêperie à Ducey dans la Manche. Le Swing, lieu de partage, de plaisir, de musique, d’expo, de lecture… ouvrira dans les prochains mois. « Je vais changer de piano ! » dit Pierre en souriant.

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