Un débat tendu en 1976
Condé-sur-Noireau.
Le 23 avril 1976, à 21 h, un grand débat public est organisé aux halles, Place du marché, à Condé-sur-Noireau. Il est intitulé « L’amiante, ses pollutions, ses dangers… ». C’est une des premières fois que les maladies de l’amiante sont évoquées. Il fait suite également à la pollution du barrage de Pontécoulant en août 1975.
Il est à l’initiative de l’Association pour la lutte contre la pollution et la sauvegarde de l’environnement et d’Henri Pezerat, toxicologue, directeur de recherches au CNRS et engagé contre l’amiante. Il travaille dès 1973 sur ses dangers dans son laboratoire de chimie de Jussieu.
« Ce rendez-vous avait réuni scientifiques, industriels, salariés, élus, habitants et avait été très tendu », explique Pierre Coftier, historien passionné de l’industrialisation locale.
Il est sujet de l’asbestose, la maladie professionnelle des travailleurs de l’amiante. « Elle ne progresse plus, mais fait encore beaucoup de victimes par les gens que nous connaissons, nos familles, nos amis », explique un tract de l’époque.
La soirée débute avec un exposé d’Henri Pezerat. Pédagogue, il expose quelques chiffres. Le toxicologue est très écouté et applaudi à certains moments relate un journaliste de Ouest-France dans un article publié le mardi 27 avril 1976. Puis vient la prise de parole de monsieur Masson, directeur de Ferodo.
« Tout l’exposé que nous venons d’entendre est basé sur des chiffres. Mais ils sont faux. » Des sifflets et des hurlements indignés s’échappent de la salle, pleine à craquer. Marie-Paul Labéy, un avocat, un membre du comité d’hygiène et sécurité de Ferodo puis le maire de Condé-sur-Noireau, Maurice Piard, prennent la parole. Les échanges sont vifs. Le débat s’achève mais « l’histoire commence », commente le journaliste de Ouest-France.