Le Bulletin de lArrondisement de Rouen
Les opposants aiguisent leurs arguments
Trois scénarios et des priorités ainsi pourrait-on résumer le rapport du conseil d’orientation des infrastructures qui a notamment étudié le projet de contournement Est de Rouen. Un rapport largement commenté par les maires opposés à cette infrastructure.
Alors que le conseil d’orientation des infrastructures (COI), également appelé commission Duron, a rendu son rapport concernant les investissements dans les infrastructures pour les 20 prochaines années, et a donc énoncé quelques priorités, notamment concernant le contournement Est de Rouen, l’association Acces (Association des communes pour un contournement est soutenable), regroupant 11 communes de SeineMaritime et de l’Eure, aiguise ses arguments pour démontrer une fois encore, que ce projet de liaison A13-A28, en passant par l’Est, leur semble une aberration.
Deuxième étape : recours juridiques
Toutes ces communes concernées par le tracé de la future autoroute, ont d’ailleurs d’ores et déjà envoyé des recours grâcieux, dès la déclaration d’utilité publique prononcée en novembre dernier.
« On m’a répondu que le recours avait bien été transmis au ministre
des Transports », constate un maire, pour signifier qu’en fait, tous se renvoient la balle désormais. La prochaine étape se traduira donc par des recours juridiques, avec pour objectif de « pointer les éléments du
dossier imprécis ». Des points nombreux ont souligné les élus lors d’un point presse, et qui concernent aussi bien les captages et la ressource en eau que les servitudes d’utilité publique des plus floues, pour n’évoquer que ces éléments…
« Le projet de contournement est loin de faire l’unanimité »
« On ne perd pas les combats qu’on ne mène pas » : cette phrase prononcée par Stéphane Barré, maire d’Oissel, pourrait définir à elle seule la détermination sans faille de tous les élus opposés depuis des années à ce tracé et qui entrevoient dans le rapport du COI quelques raisons d’espérer : « On relève que ce projet de contournement est loin de faire l’unanimité », a ainsi constaté Joachim Moyse, le maire de Saint-Étienne-duRouvray.
Ce que constatent en tout cas les élus, en examinant les différents scénarios du rapport Duron (lire en encadré), c’est que le premier scénario se traduirait par un report de cinq ans du Contournement Est, n’ont-ils pas manqué d’observer, « un report décisionnel au-delà de la mandature actuelle ». Une manière de rappeler que d’une mandature à l’autre, selon les personnes en place, les décisions peuvent évidemment changer… Si on ne devait citer qu’un exemple, celui du projet abandonné de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes serait le plus probant.
Le syndrome du « On ne peut plus revenir en arrière »
Quoi qu’il en soit, tous étaient d’accord pour convenir de la nécessité d’un contournement de Rouen, mais à condition qu’il soit bien fait… et évidemment pas par l’Est. Rejoignant la position des écologistes, maintes fois énoncée, ils souhaitent que soit étudiée une alternative, qui passerait par l’ouest et qui serait à leurs yeux plus pertinente, du fait de la présence de l’activité portuaire et industrielle qui s’y trouve. Mais pour cela, il faudrait évidemment tirer un trait sur tout ce qui a été fait jusqu’ici
et parmi les maires, certains sont convaincus que se dessine là le syndrome du « On ne peut plus
revenir en arrière ». Et surtout, ils sont persuadés que persister à vouloir ce contournement n’est autre qu’une volonté politique.
Polluant, destructeur, et pour tout dire inefficace pour régler le problème de transit autour de Rouen : les opposants au Contournement Est n’ont décidément pas dit leur dernier mot et comptent bien entamer tous les recours qu’ils estimeront utiles pour que ce projet d’infrastructure, à l’état de projet depuis des décennies, soit définitivement abandonné.