Deux « verrues » à démolir
Le maire de Brionne attend impatiemment que deux immeubles inhabités de la Vallée aux Boeufs soient démolis. Mais Eure Habitat n’est pas en mesure de mener cette opération financièrement coûteuse.
Partenariat avec Eure Habitat « Démolition dans un avenir proche »
« Dramatique incendie. 1 mort, 12 blessés. » Le titre barrait la une du Courrier de l’Eure le 27 novembre 2013. Personne à Brionne n’a oublié le dramatique incendie qui s’était déroulé quatre jours auparavant vers 4 h 30 du matin au deuxième étage de l’immeuble Les Violettes. Il avait coûté la vie à un père de famille de 29 ans. Douze occupants, incommodés par les fumées, avaient été hospitalisés. « Le béton s’est fissuré, sous l’effet de la chaleur intense. Les locataires n’ont pas été autorisés à retourner dans leur appartement. L’immeuble sera probablement détruit » , écrivait- on dans l’article.
Mais près de quatre ans plus tard, ce bâtiment de quatre étages est toujours là dans le quartier de la Vallée aux Boeufs. Les traces de l’incendie sont encore visibles sur les murs noircis. Valéry Beuriot qualifie l’immeuble vide de « verrue » . Il y en a même une deuxième quelques mètres plus loin avec les Roses, un ancien foyer désaffecté, inoccupé lui aussi. C’est peu dire que le maire attend impatiemment de les voir disparaître. Mais il n’est pas le seul décideur et doit tenir compte du propriétaire, Eure Habitat, dont les finances sont très dégradées. D’ailleurs, le maire a eu l’occasion de dire plusieurs fois publiquement, l’année dernière, tout
le mal qu’il pensait de la gestion passée du bailleur social « en pleine déshérence » . Et de critiquer « des mauvais choix » et des programmes immobiliers qui ont surtout « profité à Evreux, à Louviers, à Vernon, mais pas à l’ouest de l’Eure, pas aux ruraux » .
Au mois d’avril, le ton était plus modéré et le conseil municipal l’a autorisé à signer une convention de partenariat pour la déconstruction des Roses et des Violettes. Car Eure Habitat n’est pas en capacité financière de porter seul l’intégralité des démolitions de certains immeubles de son parc.
L’Établissement public foncier de Normandie (l’EPFN aide les communes dans leurs affaires immobilières) et la région Normandie ont donc l’intention d’intervenir financièrement sur les opérations de bâtiments amiantés. L’EPFN aurait même déjà donné son accord pour ins- crire dans sa phase de test les deux démolitions de Brionne dont le coût est estimé à 1 million d’euros par la municipalité (de son côté, Eure Habitat ne souhaite pas communiquer de chiffre car « des études sont en cours pour préciser les coûts » ). Il s’agirait d’une initiative pilote.
La ville s’engagerait ensuite à reprendre les terrains nus, au prix fixé par le service des Domaines, pour les reconvertir en espaces de jeux. « Tout mon travail est de m’assurer que les engagements soient tenus dans des délais raisonnables, indique Valéry Beuriot, qui a reçu deux fois la présidente d’Eure Habitat en l’espace d’un an. Il faut que cela soit démoli le plus rapidement possible. Les Violettes, cela reste un traumatisme pour les gens. »
Le maire espère que Brionne sera une priorité d’Eure Habitat et envisage une démolition en 2018. Mais le bailleur social reste très prudent sur les échéances. « On cherche des solutions financières pour une démolition dans un avenir proche, signale Richard Piccardi, directeur de la maîtrise d’ouvrage à Eure Habitat. Les partenariats ne sont pas bouclés. C’est un projet complexe à monter et la démolition est une opération lourde à porter pour un bailleur social. Eure Habitat a plus de 16 000 logements, on élabore un plan de stratégie patrimoniale pour échelonner les dépenses. »
Les « verrues » risquent de rester incruster encore un moment dans la Vallée aux Boeufs.