Fracture au conseil municipal
Tête de liste du Front national lors des dernières municipales au Neubourg, Jean-Baptiste Marchand a été suspendu par les instances nationales le 28 juin. En réaction, il a aussitôt démissionné du parti, mais n’a pas perdu ses ambitions.
Les démêlés de Jean-Baptiste Marchand avec le Front national continuent. Dans notre édition du 21 juin, nous racontions comment le conseiller municipal du Neubourg avait été exclu du bureau départemental du parti dirigé par Timothée Houssin. Celui-ci lui reprochait un commentaire sur Facebook à propos d’un article de presse évoquant les désaccords entre Nicolas Bay et Florian Philippot. En effet, Jean-Baptiste Marchand avait annoncé sa volonté de ne pas voter pour Emmanuel Camoin, le candidat du FN dans la 2e circonscription de l’Eure, en critiquant son choix d’avoir recours à des travailleurs détachés dans son entreprise, en contradiction avec la ligne du parti.
La mésaventure de Jean-Baptiste Marchand n’en est pas restée là. Le 28 juin, l’élu du Neubourg a reçu une lettre recommandée de Nicolas Bay.
Et elle n’était pas amicale. « En conformité avec les statuts de notre mouvement, je vous signifie votre suspension du Front national, écrit le secrétaire général. Cette décision est motivée par les propos que vous avez tenus contre la fédération et ses cadres dans Le Courrier de l’Eure des 14 et 21 juin 2017. Cette suspension est effective à compter de ce jour. La suspension a le même effet juridique et pratique qu’une exclusion. En consé- quence, vous n’avez plus la possibilité de parler ou d’agir au nom du Front national, ni de participer aux activités du mouvement. »
Pour Jean-Baptiste Marchand, cette suspension est la preuve d’une absence de liberté d’expression au Front national. « Le FN n’a plus rien à apporter, il faut tout changer » , assène-til. Avant d’ajouter que « beaucoup d’adhérents se plaignent du secrétaire général. Monsieur Bay veut placer ses amis. Au début de l’histoire, je pensais déjà qu’il voulait virer tous les soutiens de Florian Philippot en vue du futur congrès du FN. » Nicolas Bay a d’ailleurs an- noncé à Jean-Baptiste Marchand qu’il serait convoqué prochainement devant les instances disciplinaires du FN. Mais l’élu neubourgeois, dont la photo est toujours présente sur le site web du FN 27, ne s’y rendra pas. Dès la lecture du courrier, il a envoyé une lettre à Marine Le Pen et à différentes personnalités frontistes pour annoncer sa démission. Pourtant le 21 juin, il confiait clairement « Je suis au FN et j’y reste » . Alors pourquoi ce revirement ? « Je fais partie d’une nouvelle association politique, Les Patriotes, répond-il, tout en précisant qu’il continuera de voter pour Marine Le Pen. Je remercie Monsieur Philippot et Madame Montel, les deux seuls cadres du FN qui ont répondu à ma lettre de démission. Florian Philippot m’a dit que c’était navrant. J’ai rejoint son association et je suis bien content. »
Candidat en 2020 ?
Toujours le 28 juin, Timothée Houssin, lui, a envoyé un courrier à Marie-Noëlle Chevalier. Le secrétaire départemental du FN fait savoir au maire du Neubourg qu’en raison de sa suspension, les interventions orales ou écrites de Jean-Baptiste Marchand ne peuvent plus être liées au Front national.
Malgré cette mauvaise spi-
rale, l’élu n’a pas l’intention de démissionner du conseil municipal. Pourtant, nombreux sont les conseillers FN à avoir abandonné leur mandat partout en France depuis 2014. « 493 sur 1 518 ont démissionné » , soulignet-il en se basant sur les chiffres d’un reportage de France 2. Déchu de l’étiquette FN, il s’inscrit maintenant en tant qu’indépendant. « Je fais partie de l’opposition, je continue mon engagement, je défendrai les valeurs patriotes, signale celui qui fait partie des commissions urbanisme, travaux et affaires sociales. Je souhaite apporter ma participation sur des dossiers, je travaille sur un projet pour des sorties du CCAS, car je suis le seul jeune dans cette commission. » Jean- Baptiste Marchand a prévenu les adhérents FN du Neubourg de sa démission. « Ils me soutiennent, j’ai une équipe solidaire » , assure-t-il. Il s’imagine même un destin comparable à celui de Robert Ménard, élu maire de Béziers, sans être membre du FN. « Avant, il était prévu que j’aille vers Bernay pour les prochaines élections municipales. Mais, du coup, je reste au Neubourg. Etre divers droite, en étant soutenu par une association politique, ce n’est pas mal. Je pense que je me présenterai en 2020. »
« Le FN n’a plus rien à apporter »