L’affaire Leho s’envenime
Suite à un recours, le conseil municipal du Thuit-de-l’Oison a dû encore se prononcer sur l’affaire des enveloppes distribuées au personnel par l’ancien maire Daniel Leho. Et le résultat a été très défavorable.
Au grand dam de Gilbert Doubet, le conseil municipal du Thuit-de-l’Oison a une nouvelle fois été rattrapé par l’affaire des enveloppes distribuées par Daniel Leho. Selon un jugement de la Chambre régionale des comptes, en date du 13 avril 2017, l’ancien maire de Thuit-Signol est accusé d’avoir « irrégulièrement extrait des caisses de la commune 147 000 € de subventions prétendument versés à l’Amicale du personnel communal du ThuitSignol entre le 1er janvier
2006 et le 19 mars 2014 » . Il s’agit de pratiques illégales. Le 18 mai dernier, le conseil municipal de la commune nouvelle du Thuit-de-l’Oison avait dû se prononcer sur l’utilité publique de ces dépenses (voir Courrier de l’Eure du 24 mai 2017). Et le résultat avait été net : 17 élus estimaient que l’argent manipulé par Daniel Leho n’était pas d’utilité publique (11 votes pour et 8 bulletins blancs).
Sauf qu’un recours a ensuite été déposé au tribunal administratif, plusieurs conseillers municipaux ayant demandé le retrait de cette délibération. Une faille a été trouvée. En effet, le maire, Gilbert Doubet, avait proposé un vote à bulletins secrets, alors que la démarche aurait dû émaner des conseillers municipaux.
Soutiens et opposants s’affrontent
Une réunion extraordinaire du conseil a donc été organisée jeudi 20 juillet pour procéder à un nouveau vote, à la demande de la Chambre régionale des comptes. Partisans et adversaires de Daniel Leho se sont une nouvelle fois affrontés autour de la table. Car l’ancien maire compte encore plusieurs soutiens parmi les élus, au premier rang desquels figure sa belle-soeur, Annick Boizard, mais surtout sa fille, Bénedicte Lerisbe-Leho. Celle-ci a regretté que des élus de ThuitAnger et Thuit-Simer puissent juger une pratique qui concernait Thuit- Signol : « On fait voter des élus qui n’étaient pas là à l’époque. Je ne vois pas comment ils peuvent se positionner pour quelque chose qu’ils ne connaissent pas. […] La question qui vous est posée n’est pas de savoir si Daniel Leho est un voleur ou pas. La question, c’est : est-ce que vous trouvez que d’avoir versé des primes aux agents est d’intérêt public ? »
« Le conseil municipal n’a rien à se reprocher, répond Gilbert Doubet. Je n’étais pas obligé de le faire, mais j’ai proposé à Daniel Leho de venir et son avocat s’est expliqué devant tout le monde pendant 30 minutes le 18 mai » .
« Daniel Leho, c’est quelqu’un qui a oeuvré pendant un quart de siècle pour sa commune » , souligne sa fille.
Regards de travers, messes basses…
L’ambiance était glaciale jeudi soir. Jean Barrière, opposant de longue date à Daniel Leho, a signalé que si les adjoints, à l’époque, étaient au courant des enveloppes, ils ne connaissaient pas leur contenu et Daniel Leho « s’occupait lui-même » des retraits en espèces.
« Depuis 1994, il savait que c’était interdit et il a continué » , regrette-t-il.
« On a tous voté les budgets et les subventions » , le reprend Annick Boizard, l’ancien maire invitant chaque année son conseil municipal à verser une subvention à l’Amicale du personnel, qu’il présidait.
Résultat négatif
Jean Barrière a demandé un vote à bulletins secrets. Et l’issue a été encore plus négative pour Daniel Leho, en comparaison avec le résultat du 18 mai. Jeudi soir, 25 conseillers (dont plusieurs n’étaient pas présents et avaient donné un pouvoir) ont jugé que les dépenses n’étaient pas d’utilité publique, contre seulement 6 bulletins pour, 5 blancs et 1 bulletin nul. Les affaires se compliquent pour l’ancien conseiller général. Il s’efforce de recueillir des attestations des agents bénéficiaires des enveloppes, mais il risque de devoir rembourser l’intégralité des 147 000 €.
Gilbert Doubet espère maintenant que cette affaire restera entre les mains de la justice et ne perturbera plus la vie de son conseil municipal. Le maire a de nombreux projets pour sa commune, dont une nouvelle école maternelle.