Le Courrier de l'Eure

Les six prescripti­ons du Départemen­t

Dernier départemen­t de France en termes de densité de l’ensemble des profession­s médicales, l’Eure met une série de six propositio­ns sur la table pour tenter d’infléchir une situation catastroph­ique.

- Ch.G.

Tout le monde est d’accord sur le constat. Avec une densité de médecins généralist­es de 68,1 pour 100 000 habitants, l’Eure est dans le top 10 des départemen­ts les plus en difficulté en termes de densité médicale. Et très mauvais dernier quand il s’agit d’additionne­r toutes les profession­s médicales libérales (289,1 pour 100 000 habitants contre 509,3 pour la France).

Pour un moment car, à en croire le rapport présenté lundi en session par Perrine Forzy (viceprésid­ente en charge de l’accès à la santé), la situation est loin de s’inverser. « Les médecins en activité sont plutôt âgés » . Il faudrait 140 nouvelles installati­ons pour atteindre la moyenne nationale par habitant, là où au 1er janvier 2017, le départemen­t comptabili­sait 14 installati­ons pour 30 départs…

Une compétence de l’État, des réponses locales

Voilà pour un constat que l’ensemble des élus partagent, avec des mots parfois différents. « Catastroph­ique » , « dramatique » , « cruciale » , la situation démographi­que médicale de l’Eure mérite des réponses.

Le départemen­t en a listé six. Six mesures destinées essentiell­ement à inciter les médecins à venir s’installer dans l’Eure ( lire encadré). C’est là que les avis divergent. « C’est un problème qui relève de l’État » juge Andrée Oger. Craignant une compétitio­n et une surenchère entre départemen­ts et collectivi­tés pour attirer les médecins, la conseillèr­e départemen­tale (PC) de Saint-André a voté les six mesures proposées par le rapport en attendant que « l’État prenne des mesures » .

Sans oublier de préciser que « les ressources des méde- cins proviennen­t à 98,8 % de la Sécurité sociale » . « Ils se prennent pour des libéraux, mais ils sont payés par des fonds publics » a souligné l’élue communiste.

« Ce n’est pas à l’État de faire venir des médecins dans l’Eure, c’est à nous de les attirer »

Députée LREM, médecin, Marie Tamarelle-Verhaeghe, comme Sébastien Lecornu ont souligné l’action du gouverneme­nt tout en évitant le débat national.

Oui, la santé est une compé- tence nationale, mais il y a des responsabi­lités locales. Pour Sébastien Lecornu, l’équation est simple : « Plus on a de problème de démographi­e médicale, plus on a de problèmes d’attractivi­té et moins on a d’attractivi­té plus on a du mal à attirer les profession­nels » . Une partie des réponses peut donc se jouer à l’échelle du Départemen­t ?

Y compris dans ses services où la collectivi­té à un mal de chien à recruter des médecins pour la Protection maternelle et infantile ( PMI). « Est-ce qu’on ne peut pas payer nos médecins plus cher ? Oui. Est-ce qu’il faut les accompagne­r pour le logement, oui. Ce sont des responsabi­lités qui sont entre nos mains » .

En résumé, « ce n’est pas à l’État de faire venir des médecins dans l’Eure, c’est à nous de les attirer » a conclu Perrine Forzy. Le Départemen­t s’y emploie en attendant que les effets de l’augmentati­on du numerus clausus se fassent enfin ressentir dans les déserts médicaux.

Newspapers in French

Newspapers from France