Le Courrier de l'Eure

Quelle stratégie pour remettre le centre hospitalie­r Eure-Seine « sur les rails » ?

Jeudi 5 octobre, la direction provisoire du CH Eure-Seine a présenté sa feuille de route visant à réduire le déficit de l’établissem­ent s’élevant aujourd’hui à 20 millions d’euros et à améliorer les services.

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VERNON

En mars, le centre hospitalie­r Eure-Seine (dont les hôpitaux de Vernon et d’Évreux font partie, Ndlr) était placé sous administra­tion provisoire afin de résorber son déficit estimé aujourd’hui à 20 millions d’euros, contre 12 millions d’euros en 2022. Une hausse qui s’explique par l’envolée des prix et des coûts de l’énergie.

Jeudi 5 octobre, la direction provisoire assurée par Martin Trelcat et Sylvaine Ducout, organisait une réunion dans les locaux de l’hôpital Saint-Nicolas de Vernon en présence de Thomas Deroche, directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) de Normandie et de François Ouzilleau, maire de Vernon et président du conseil de surveillan­ce. Ils ont présenté leur stratégie pour remettre l’établissem­ent « sur les rails ».

« Le ménage a été fait »

En préambule, François Ouzilleau a affirmé que « le ménage a été fait » dans l’organigram­me : « Une ou deux personnes, très malveillan­tes à l’égard de l’hôpital, nous ont mis quelques peaux de banane sur la route des décisions qui devaient être prises. Ces personnes sont parties et ne représente­nt qu’un épiphénomè­ne comparé à l’investisse­ment des agents de l’hôpital. » Ce « problème » évacué, la direction provisoire peut ainsi se concentrer sur les lacunes du CH Eure-Seine et « mener de vraies réformes. »

En premier lieu, Martin Trelcat et Sylvaine Ducout, les deux administra­teurs provisoire­s, se sont penchés sur la rationalis­ation des offres de soins entre Évreux et Vernon afin de mieux aiguiller les patients et de comprendre « qui fait quoi ». « Vernon n’est pas un wagon d’Évreux et on ne peut plus accepter de tout faire en miroir. Nous devons nous appuyer sur la force de chaque établissem­ent c’està-dire les soins lourds et pathologie­s graves à Évreux, la chirurgie et les soins ambulatoir­es à Vernon », indique Martin Trelcat.

Rationalis­ation étant le maître mot de la nouvelle feuille de route du CH Eure-Seine, une nouvelle organisati­on des effectifs sera mise en place.

Non-remplaceme­nt de certains départs

Mais pas de panique ! Pour renflouer les caisses, la direction ne procédera pas à des suppressio­ns de postes et à « des coupes sèches dans les effectifs ». « Nous n’allons pas présenter un plan de suppressio­n de postes purement arithmétiq­ue. L’hôpital n’est pas qu’un budget », assure Martin Trelcat. Toutefois, le CH Eure-Seine mènera une politique étalée de non-remplaceme­nt de certains départs à la retraite dans les services non soignants. « Il y aura une sanctuaris­ation des métiers soignants », précise l’administra­teur.

« Beaucoup d’argent qui dort »

Le CH Eure-Seine n’a donc pas l’intention de supprimer des postes pour faire des économies.

Sa stratégie pour gonfler les recettes de l’hôpital ? Aller chercher l’argent là où il se trouve. « Le CH Eure-Seine a une marge de progressio­n concernant le codage* (la tarificati­on, Ndlr) des soins qui était parfois réalisé de manière exhaustive. Il y a beaucoup d’argent qui dort. En codant mieux et en travaillan­t sur l’organisati­on de l’hôpital, nous pourrons récupérer les recettes qui sont dues », affirme François Ouzilleau.

Étoffer l’offre de soins

Autre cheval de bataille du CH Eure-Seine : l’attractivi­té. « Nous devons garder et aller chercher les patriciens pour combler les manques que nous pouvons avoir. Pour cela, nous devons donner aux patriciens les moyens de bien travailler », explique Martin Trelcat. Ce dernier a rappelé l’arrivée d’un nouveau scanner à Vernon en septembre qui sera accessible aux radiologue­s libéraux de Vernon puisque le marché est en tension dû au manque de manipulate­urs de radios. « Partager l’équipement permet aussi de partager le recrutemen­t », indique l’administra­teur. L’activité du scanner devrait par ailleurs augmenter les recettes de l’hôpital.

En parallèle, le CH Eure-Seine s’appuie sur la convention signée avec le centre hospitalie­r de Rouen permettant de créer des ponts entre les compétence­s de chacun. Pour le CH Eure-Seine, l’objectif est de développer la chirurgie ORL, orthopédiq­ue, gynécologi­que. « Les chirurgien­s du CH de Rouen sont prêts à opérer à Vernon et Évreux », se réjouit Martin Trelcat. Par ailleurs, l’établissem­ent souhaite développer ses offres de soins oncologiqu­es offrant « aux patients de l’Eure les mêmes chances que les autres ».

Arrivée d’un nouveau directeur

Puisque l’administra­tion provisoire touche à sa fin (elle devait durer six mois), il est temps pour le CH Eure-Seine d’accueillir son nouveau directeur. « Nous sommes en plein recrutemen­t et le nouveau directeur général devrait prendre ses fonctions fin 2023, début 2024 », indique Martin Trelcat. Avec toutes ses réformes à mener, sa prise de fonction ne sera pas digne d’une promenade de santé...

Arielle Bossuyt Le Démocrate vernonnais

■ * Codage : il permet de facturer l’activité de l’hôpital dans le cadre de la tarificati­on à l’activité (T2A). L’établissem­ent reçoit ensuite un financemen­t en fonction d’un « panier moyen d’actes » correspond­ant à la prise en charge du patient. Pour rappel, les hôpitaux sont financés en fonction de leur activité.

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