Le Courrier de l'Eure

Le cordonnier viendra d’Évreux à Bernay une fois par semaine chercher vos souliers à réparer

Il n’y a plus de cordonnier en centre-ville à Bernay. Qu’à cela ne tienne, Marc Volpe viendra d’Évreux une fois par semaine prendre les souliers de ses anciens clients.

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BERNAY

Des histoires à raconter, un mot gentil, une blague, des sourires à gogo… Marc Volpe était de retour à Bernay la semaine dernière, où il est passé voir quelques ami(e)s commerçant(e)s, entre autres celles des magasins de chaussures Versilia (rue de l’Union) et Ange Nouvel (rue Thiers). Ce sont ces boutiques qui serviront de dépôt aux anciens clients de Marc, invités à y déposer leurs chaussures à réparer. Oui, car précisons-le pour ceux qui ne le connaissen­t pas, Marc Volpe est cordonnier. C’était LE cordonnier de Bernay, avant qu’il ne ferme sa boutique du 7, rue de l’Union. C’était le 25 mars dernier.

Le principe est simple

Le principe du dépôt, en vigueur depuis la semaine dernière seulement, est on ne peut plus simple. « Les clients déposent leurs chaussures en expliquant les réparation­s à effectuer, ils remplissen­t une fiche avec leur numéro de téléphone, au besoin je les rappelle, détaille l’artisan Marc Volpe, cordonnier et maître-bottier. Sinon, je passerai prendre les chaussures à réparer une fois par semaine dans les deux établissem­ents, je les confierai à Max à Évreux et je reviendrai la semaine d’après déposer les souliers réparés. »

Qui est Max ? C’est celui qui, depuis onze ans, prenait soin des souliers, sacs, blousons (tout ce qui est cuir) que lui confiaient les Bernayens. Max — Maximilien Dupuis — et Marc travaillen­t ensemble depuis seize ans. «Je l’ai formé en tant qu’apprenti puis je l’ai embauché à Évreux. C’est pour lui que j’ai ouvert ensuite une boutique à Bernay. C’est devenu mon ami », confie celui qui a un rapport quasi-filial avec son employé.

Les retards de train, une catastroph­e

Alors, quand « Max » a éprouvé une certaine lassitude à venir travailler à Bernay, Marc l’a entendu. Il faut dire que ce dernier, demeurant à Évreux et ne conduisant pas, prenait le train pour travailler. Et comme c’est bien connu, tous n’arrivent pas (ou/et ne repartent pas) à l’heure, Max a fini par s’agacer. «La SNCF, c’est une catastroph­e », glisse à ce propos Marc Volpe. Ajoutez à cela un loyer commercial très cher à Bernay — 800 € de loyer pour 14 mètres carrés — et un brin de lassitude du patron (« j’ai 63 ans et parfois envie de souffler un peu», dit-il)… et vous aurez les raisons de la fermeture de la cordonneri­e de la rue de l’Union.

Cette fermeture a dépité certains clients de la cordonneri­e de l’Union. « Je les comprends, car vous savez, on va chez son cordonnier comme on va chez son coiffeur, c’est quelqu’un en qui on a confiance», glisse celui qui a toujours un mot gentil et quelques blagounett­es à l’intention à ses clients. Alors sachant que Max travaillai­t avec Marc à Évreux, où ce dernier a une autre boutique (voir en encart), certains sont allés les voir là-bas, comme le raconte Marc Volpe.

❝ Je voyais souvent

des clients de Bernay venus exprès à Évreux pour me déposer des chaussures à réparer. Quand je voyais ça, je leur disais d’aller faire des courses et je les passais en priorité. Mais ce n’était pas facile. Alors je me suis dit, pour eux comme pour nous, qu’il valait mieux que je vienne une fois par semaine à Bernay. MARC VOLPE Maître-bottier et cordonnier

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