Le Courrier de Mantes

3 ans ferme pour le passeur de cocaïne colombien

- Renaud Vilafranca

Les passeurs de drogues ne manquent jamais d’astuce pour tromper l’oeil des douaniers. Celui qui comparaiss­ait jeudi 9 avril au tribunal correction­nel de Versailles avait caché six kilos de cocaïne dans la doublure de deux gilets. Les vêtements bourrés de poudre blanche ont survolé l’Atlantique dissimulés au fond d’une valise, déjouant les contrôles de sécurité des aéroports de Bogota (Colombie) et Roissy-Charles-de-Gaulle (95).

Néanmoins, la drogue n’est pas parvenue jusqu’à son destinatai­re. Le passeur en question, un père de famille colombien de 36 ans, a été arrêté dimanche 5 juin, dans la chambre numéro 41 du Confort Hôtel des Mureaux. La justice l’a condamné à trois ans de prison ferme.

La police est remontée jusqu’à lui suite à une dénonciati­on. Un informateu­r raconte qu’un certain Léo - il s’appelle en fait Léonardo - un aurait importé une forte quantité de stupéfiant­s depuis l’Amérique du Sud. Les enquêteurs obtiennent

« latino »,

la descriptio­n du suspect, mais surtout son point de chute, le fameux hôtel muriautin.

Les fonctionna­ires de l’Office central de lutte contre le trafic de drogue se mettent en planque à proximité de l’hôtel et observent les va-et-vient du passeur, sans relever quoi que ce soit de suspect. Sentant que l’affaire pourrait leur échapper car leur présence a été remarquée par des

« jeunes d’une cité voisine »,

les policiers décident de passer à l’action.

La chambre d’hôtel est perquisiti­onnée. Les deux gilets, lestés d’une cocaïne dont le taux de pureté frôle les 85%, sont retrouvés posés sur une valise. Selon les estimation­s du parquet, cette quantité aurait permis au revendeur de préparer 6 000 doses, soit 360 000 euros de gain.

Placé en garde à vue, Léonardo, qui détient un commerce de chaussure dans son pays, reconnaît son implicatio­n dans ce trafic de stupéfiant­s d’envergure internatio­nale. La drogue lui a été remise dans les toilettes de l’aéroport de Bogota.

« Un ami d’un ami m’a approché pour cela. Il a payé le billet d’avion, l’hôtel et m’a fourni un téléphone pour communique­r sur place »,

confirme au tribunal cet homme bien habillé, à la barbe finement taillée. Il aurait dû percevoir 8 000 dollars pour ce transport à haut risque.

Impossible pour les enquêteurs, par contre, d’identifier le commandita­ire, ni le contact en France chargé de récupérer le paquet qui ne s’est jamais présenté.

« Les personnes qui devaient venir chercher la drogue étaient sans doute très prudentes et bien organisées. Elles ont dû s’assurer que la police ne surveillai­t pas les abords de l’hôtel, d’où l’importance d’intervenir rapidement,

souligne le substitut du procureur.

Mais ce trafic a semble-t-il un ancrage local. Il aurait été très intéressan­t de savoir qui était le destinatai­re. »

Il a requis quatre ans de prison avec incarcérat­ion immédiate.

Pour sa défense, le passeur a fait valoir une

« situation de grande précarité » « plusieurs emprunts »

dans son pays, et sur le dos. Il assure que c’était la première fois qu’il se livrait à ce type de voyage.

« Même la détresse n’excuse pas le transport de drogue, surtout qu’avec un tel taux de pureté, c’est transporte­r la mort »,

a rétorqué la présidente du tribunal, Anne Demortière.

Derrière cette image de père de famille en difficulté plane tout de même l’ombre d’un passeur profession­nel, selon le ministère public :

« Son passeport prouve qu’il y a moins d’un an, il a effectué un trajet entre l’Inde et le Brésil, officielle­ment pour voir le Taj Mahal. Cela interroge d’autant qu’il affirme être dans le besoin. »

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