La loi Santé fait de la casse
Vendredi 10 juin, médecins, syndicats, associations, élus et citoyens se sont rassemblés devant la préfecture de Versailles. Ils ont manifesté leur mécontentement contre la loi Santé de Marisol Touraine.
Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, a récemment annoncé la mise en place de Groupements hospitaliers de territoire (GHT), une décision qui ne fait qu’augmenter le mécontentement du personnel des hôpitaux publics des Yvelines.
Adoptée en avril et censée être mise en application le 1er juillet, cette réorganisation prévoit un nouveau mode de coopération entre les établissements publics de santé à l’échelle d’un territoire. Pour les manifestants qui étaient présents vendredi, ces GHT, qui demandent donc une réorganisation des spécialités médicales, ne serviraient qu’à réaliser des économies.
De plus, ils entraîneraient des effets néfastes : détérioration de la qualité de prise en charge des usagers et des conditions de travail du personnel hospitalier, suppressions d’emplois immédiates et manque de personnel auprès des malades, fermetures de nombreux services, d’où éloignement des lieux de soins, augmentation des délais d’attente de prise en charge.
Tuer les petits établissements
Devant la préfecture des Yvelines, plusieurs syndicats et associations comme la CGT, la CFTC ou SUD santé sociaux se sont réunis pour marcher vers l’Agence régionale de santé (ARS) de Versailles.
« Il y aura des pôles de référence spécialisés dans certaines pathologies pour qu’il n’y ait plus de concurrence entre centres hospitaliers. Le personnel va être amené à se déplacer d’un établissement à l’autre sans indemnités supplémentaires. Il y a une réelle mise en danger des patients, certains devront traverser tout le département !
», déplore Frédéric Populaskier, secrétaire départemental des Yvelines du syndicat Force Ouvrière.
Dans les Yvelines, tous les établissements hospitaliers du Nord seront regroupés, de même pour les établissements situés au Sud.
« Ils bloquent les budgets et les investissements pour tuer les petits établissements locaux comme nous,
ajoute Frédéric, de l’hôpital de pédiatrie de Bullion.
C’est une mort lente assurée. »
Les manifestants se sont rassemblés devant la préfecture pour essayer de toucher leurs deux principaux interlocuteurs, l’État et l’ARS. Sensibiliser la population et les usagers a aussi fait partie de leurs motivations
« Les usagers sont inquiets. Si l’on n’était pas optimistes, on ne serait pas là »,
s’est exprimé Roland Lemyre, secrétaire USD Santé CGT 78 et secrétaire de la CGT de l’hôpital Théophile Roussel à Montesson.
Des personnes qui renoncent à se faire soigner
La loi Santé de Marisol Touraine a déjà provoqué de nombreux changements dans les hôpitaux publics du département.
Par exemple, à l’hôpital de Mantes-la-Jolie, ce sont 104 postes qui ont été supprimés sur l’année 2015-2016 et des membres du personnel qui se déplacent déjà de centre en centre. 125 suppressions sont aussi attendues cette année dans cet hôpital et 22 000 à échelle nationale. Il en est de même pour l’hôpital André-Mignot au Chesnay (lire ci-contre).
Face aux réductions des aides budgétaires et aux licenciements, le personnel fonce droit dans le mur.
« On a l’impression qu’il n’y a que le personnel qui fait des efforts. On ne gère pas des chiffres, nous, on gère des patients. Nous n’avons pas envie d’une sorte de concurrence malsaine entre les pôles des différents établissements ».
De nombreuses personnes, jeunes ou âgées renoncent aujourd’hui à se soigner pour ces raisons de délais d’attente, de coût ou d’éloignement.
« On est en train de casser tout ce qui est centre de prise en charge à proximité. On nous fait croire qu’il y aura des économies de réalisées mais quand il faudra transporter quelqu’un en urgence dans un centre à l’autre bout du département, cela coûtera très cher ».
Ce sont des conséquences
« inhumaines et barbares »
que relève également Jean-Marc Rosenfeld, du comité de Sartrouville.
« La logique médicale est abandonnée au bénéfice d’une logique financière totalement contestable. »