Les fidèles prient dans la mosquée encore en chantier
La nouvelle mosquée du Val Fourré est en chantier depuis des années. Alors qu’une enquête a été diligentée par le procureur de la République pour malversations financières et détournement de fonds, les fidèles viennent prier dans la mosquée en constructio
Difficile de cerner précisément ce qu’il se passe autour de la nouvelle mosquée du Val Fourré située près du centre commercial Fragonnard, tant le dossier semble opaque.
Toujours est-il qu’une lettre anonyme, adressée il y a plusieurs semaines au procureur de Versailles, a suffi à ouvrir une enquête préliminaire pour malversation financière et détournement de fonds. Cette mosquée, gérée par l’association Othmane Ibn Affane présidée par Mohamed Rabiti est en chantier depuis des années. La police judiciaire, qui enquête sur cette affaire, suspecterait l’association d’avoir détourné une partie de l’argent donné par les fidèles pour financer la construction. Contacté, Mohamed Rabiti ne souhaite pas parler à la presse. Il confirme néanmoins être toujours le président de l’association.
Ce qui est certain, c’est que cette enquête préliminaire et tous les remous qu’elle engendre, n’a pas empêché les membres de l’association de lancer un appel à la prière sur sa page facebook le 27 mai dernier :
« Nous avons eu l’autorisation pour prier à la mosquée de Radar pour le ramadan inchallah (…) Merci. De la part de M. Rabiti. »
Bien que certains fidèles se soient demandés si les autorisations d’accueillir du public avaient été délivrées, la mosquée a donc ouvert ses portes depuis le début du ramadan et accueille les musulmans pour les cinq prières de la journée alors que le lieu de culte est toujours en chantier. En réalité, une source bien informée sur le dossier affirme que
« les fidèles viennent prier dans cette mosquée depuis un an, sans que cela ne dérange personne… »
Dimanche dernier, à l’heure de la prière de 14 heures, les fidèles se rendaient par petits groupes dans le quartier. Par les portes grandes ouvertes, du côté de la salle de prière réservée aux hommes, on a pu apercevoir une salle gigantesque recouverte de tapis. Mais cet établissement respecte-t-il toutes les normes de sécurité ? A-t-il été construit dans les règles de l’art ?
Les plans initiaux modifiés
Ces interrogations ont d’ailleurs été soulevées par un agent de la mairie dans un courrier que nous nous sommes procuré. Le 31 octobre 2014, cette lettre adressée à l’architecte en charge de la construction faisait état de plusieurs dysfonctionnements après une visite des services. Des différences majeures entre les plans initialement validés et la réalité de la construction avaient alors été constatées. Une source confirme :
« Initialement, le permis prévoyait un seul niveau pour la salle de prière. »
Le reste de l’établissement devait être constitué de zone de stockage, d’espaces d’ablution ou encore de salles de classe ou de réunion.
« En fait, rien n’est conforme au permis de construire et ce qui a été constaté de visu, c’est qu’il y aurait finalement trois niveaux dédiés à la prière en attendant que la terrasse, qui n’a pas été construite pour accueillir du public, soit couverte et en accueille également. »
Dans ce courrier, l’agent écrit :
« Il est très probable que le volume déclaré de personnes susceptibles d’être accueillies dans cette mosquée (550 au rez-de-chaussée avec 540 dans la salle de prière hommes et 10 dans la salle de réunion) ait largement été sous-estimé. »
Il ne croit pas si bien dire. Au téléphone, Mohamed Rabiti concède volontiers, lorsque l’on s’étonne de voir des fidèles pénétrer dans la mosquée, que
« 4 000 fidèles viennent y prier »,
Une ouverture sans autorisation ?
avant de raccrocher sans en dire plus…
Au-delà de 1 500 personnes accueillies dans un établissement, une commission départementale de sécurité doit avoir validé la conformité de l’ouvrage et attester que toutes les normes sont respectées. Qu’en est-il pour cette mosquée ? Si l’association, par la voix de son président sur les réseaux sociaux, assure détenir ledit document, il est difficile d’obtenir une confirmation officielle.
Pas de confirmation officielle
Interrogée, la préfecture du département ne nous a pas communiqué de réponse. De même, la mairie de Mantes ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet. Interrogé par nos confrères du Parisien, un proche du maire Michel Vialay affirmait d’ailleurs que la mairie
« n’avait rien autorisé du tout ».
« à ne pas occuper ces lieux ».
outre
Pourtant, Mohamed Rabiti a longtemps été perçu comme un « proche » de la mairie. Il a même été employé par la Ville comme médiateur pendant près de 10 ans. Mieux encore, à l’été 2014, les ouvriers du chantier de cette mosquée étaient même logés au premier étage de la Poste du Val Fourré, la municipalité ayant entièrement réaménagé l’espace.
Dans le contexte actuel, la mairie prendrait-elle ses distances avec l’association ?