« J’attendrai » : une réussite au Cac Georges-Brassens
Lorsque l’atelier adulte du Théâtre aux éclats revisite sur scène, La visite de la vieille dame du dramaturge allemand Friedrich Dürrenmatt, en une pièce intitulée J’attendrai cela suscite inévitablement des attentes. Samedi soir au Cac Georges-Brassens, un frisson d’excitation parcourait le public.
« J’ai eu l’occasion de voir l’adaptation au cinéma avec Ingrid Bergman, c’est un véritable chef-d’oeuvre et j’espère retrouver le même plaisir ce soir »,
confiait Lynn, installée au premier rang, pour ne rien rater du jeu des comédiens.
À peine les rideaux levés, Güllen prend vie. Autrefois prospère, la commune est aujourd’hui dans une misère totale. Les habitants et le maire, magnifiquement bien représentés, se réunissent pour faire face au dilemme Clara Zahanassian.
« Je vous donne cent milliards, et pour ce prix je m’achète la justice »,
réplique le personnage principal de la pièce. La milliardaire, autrefois pauvre et malmenée marque son retour chez elle à Güllen, avec un odieux chantage :
« la prospérité pour un cadavre. »
Le cadavre d’Alfred, son ancien fiancé qui l’a éconduite, il y a 50 ans, après l’avoir mise enceinte accidentellement.
Après une première vague d’indignation, la situation se retourne peu à peu contre Alfred. L’argent aidant, chacun dans la ville essaie de justifier comme il peut cet assassinat, qui finalement aura bien lieu.
Le jeu des acteurs est bouleversant. Il y a du rythme et de l’énergie, une esthétique cohérente et assumée tant dans les costumes que dans les éléments de décor. La mise en scène de Manuel Gautier fait toute la différence.
« On arrive facilement à oublier l’originale ; j’ai l’impression de découvrir la pièce »,
commentait à nouveau Lynn, ravie, comme toute la salle, à la fin du spectacle.