Un couple de Gargenville élevé au rang de «Justes»
La mémoire et le courage d’Émile et Germaine Charpentier, qui ont sauvé deux enfants juifs de la barbarie nazie, ont été honorés dans le cadre d’une cérémonie où leur petit-fils s’est vu remettre à titre posthume le diplôme et la médaille de « Justes parmi les nations » attribués par l’État d’Israël.
Près de 200 personnes ont assisté, dimanche dernier dans la cour de l’école maternelle Arcen-Ciel, à la cérémonie de remise du diplôme et de la médaille de « Justes parmi les nations » à titre posthume au couple Charpentier. Émile et Germaine, respectivement disparus en 1976 et 1981, ont caché et protégé Henri Konsens et sa cousine Madeleine Abramovitch (5 et 3 ans à l’époque) entre 1942 et la fin 1943 (lire notre édition du 15 juin) dans leur maison du 24 rue de la division Leclerc.
Le rendez-vous a été frappé du sceau de l’émotion de bout en bout. On retiendra d’abord le discours poignant d’Henri Konsens (80 ans aujourd’hui), son évocation de « papa Émile et maman Germaine », le souvenir déchirant de son père, mort en déportation à Auschwitz, qui lui a arraché ses seules larmes de la journée, ou encore son allusion à l’Italien Primo Levi, survivant de la Shoah, auteur du bouleversant Se questo è un uomo (Si c’est un homme). L’interprétation juste et sensible du Chant des partisans par la chorale, la lecture de Badge (poème d’Albert Pesses) et de Justes par des membres des familles Konsens et Charpentier ou encore la version guitare-voix de Hatikvah (L’Espérance, l’hymne israélien) par Didier Zaffran ont été d’autres moments forts.
En présence de la députée Françoise Descamps-Crosnier (« Le travail de mémoire est
capital, a-t-elle confié à l’issue de la cérémonie. Le passé permet de mieux vivre le présent et d’être vigilant pour
l’avenir ») et du conseiller départemental Guy Muller (maire d’Épône), Jean Lemaire s’est lui aussi fendu d’une allocution riche en symboles. Le premier magistrat de la commune a annoncé qu’une place de Gargenville portera bientôt le nom des époux Charpentier. « Il semblerait que d’autres Justes ont habité à Gargenville, a ensuite
dévoilé l’élu. Il y aura peut-être d’autres cérémonies comme celle-ci dans le futur. »
Avant de remettre à Didier Charpentier, le petit-fils du couple, les insignes de « Justes parmi les nations », Marc Attali (ministre plénipotentiaire d’Israël en France) a lui rappelé combien Israël serait à jamais reconnaissant « à ces hommes et ces femmes ordinaires qui ont réalisé des actes extraordinaires ». Citant le Talmud, « Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier », Marc Attali a conclu son propos
par ces mots : « cette distinction, la plus haute de mon pays, n’est pas une récompense mais le témoignage d’une gratitude éternelle ».