Après Magnanville, le préfet demande aux élus de rester sur leurs gardes
Le préfet vient d’écrire aux élus du département pour les mettre en garde sur leur sécurité. Après l’assassinat de deux policiers à Magnanville, on sait que leur fonction fait d’eux des cibles de l’État islamique (EI). Il les invite donc à redoubler de vigilance.
Le drame de Magnanville a mis en lumière un inquiétant phénomène. Les fanatiques de l’EI ne choisissent plus leurs victimes par hasard. Ils ciblent des personnes par rapport à leur fonction. Élus, policiers, journalistes… se trouvent tout particulièrement dans le viseur de l’organisation terroriste.
L’après Larossi Abballa
Le 21 juin dernier, le préfet des Yvelines a adressé un courrier à tous les maires et parlementaires des Yvelines, ainsi qu’au président du Conseil départemental et à son homologue du Conseil régional, pour les sensibiliser à ce potentiel danger. Dans sa lettre, Serge Morvan, rappelle les menaces proférées par Larossi Abballa, l’assassin de Magnanville, à l’encontre des élus dans leur globalité.
« Sans pour autant céder à la psychose, la généralisation de ces menaces appelle une évolution de nos postures sécuritaires et une vigilance accrue dans notre vie quotidienne »,
prévient le préfet dans sa lettre. Le représentant de l’État dans le département appelle ceux qui
« exercent des responsabilités » « médiatiquement au plan national comme au niveau local » « pas minimiser les risques liés à des agressions ».
à ne les exposant
Serge Morvan ajoute que ces attaques potentielles,
« sans être précisément organisées », « d’individus ou de groupes isolés, parfois déséquilibrés ».
peuvent être l’oeuvre
Il invite les destinataires de ce courrier à prêter attention aux pour eux et leur entourage : appels malveillants, messages postés sur les réseaux sociaux, visites de permanences ou de locaux officiels par des personnes à l’attitude suspecte, comportements
« signaux faibles »,
pouvant être assimilés à du repérage, ou encore les conflits avec certaines communautés. Le préfet demande aux élus confrontés à ce type de faits de prendre attache avec la police ou la gendarmerie.
« Un travail d’investigation serait alors effectué,
indique Dominique Lepidi, directeur de cabinet de Serge Morvan.
En cas de menace avérée, la personne concernée bénéficierait de mesures de sécurité particulières, par le biais du service de protection des hautes personnalités. »
Dans les Yvelines, cette menace
« n’est pas documentée ou dirigée précisément contre des personnes »,
précise le directeur de cabinet. Elle s’inscrit plutôt dans un contexte global : les terroristes veulent frapper l’État en s’en prenant à ses représentants au sens large du terme. Depuis l’envoi de ce courrier, aucun élu n’a fait de signalement aux autorités, selon Dominique Lepidi.
Cette démarche de la préfecture répond au souhait du Ministère de l’Intérieur de sensibiliser les politiques au niveau national.
Le Renseignement sur les dents
Cette nouvelle stratégie des électrons libres de Daech, dans le choix de leurs cibles, complique considérablement le travail du Renseignement. Avant, hormis pour les tueries de masse, l’organisation terroriste visait des personnalités pour leurs prises de positions publiques. L’évolution de la menace a de quoi décontenancer l’antiterrorisme :
« Avec les moyens mis à notre disposition, il était déjà difficile d’anticiper les attaques. Cette volonté de viser des personnes au hasard, juste parce qu’elles exercent certaines professions, rend maintenant les choses complètement imprévisibles »,
confie Alexandre Langlois, policier au renseignement territorial des Yvelines et secrétaire général de la CGT-Police.