L’Indépendance américaine vue de Versailles
Premier pays à reconnaître l’existence d’une nouvelle nation, les États-Unis d’Amérique, la France se devait de marquer l’événement. Cela a surtout été vrai pour Versailles car c’est dans la Cité royale que fut prise la décision en 1776. Versailles a aussi soutenu la guerre d’indépendance. Versailles enfin, fut le lieu où le traité de paix avec l’Angleterre fut signé en 1783.
L’exposition présentée par le château depuis le 5 juillet, Versailles et l’Indépendance américaine, s’attache ainsi à rappeler des faits souvent oubliés, qui témoignent des circonstances, de l’ampleur et des conséquences de l’engagement français.
Des pièces rares
En reprenant le récit des événements, le contexte de la rivalité franco-anglaise est rappelé, soulignant le besoin de longue date de la France à prendre une revanche. Les divisions internes dans les trois camps, la lutte entre patriotes et loyalistes en Amérique, mais aussi l’existence d’une certaine opposition en Angleterre contre le traitement infligé aux colons sont détaillés. Quant à la France, elle a pendant un temps été prudente, évaluant les risques. De nombreux lieux du château furent ainsi le lieu de discussions.
L’exposition évoque aussi la mondialisation du conflit qui s’est étendu, sur les mers, de l’Inde à la côte américaine en passant par la Méditerranée. Les batailles navales furent ainsi les plus grandes du XVIIIe siècle et même du XIXe siècle puisque le nombre de vaisseaux engagés à la bataille des Saintes dépassait celui de la bataille de Trafalgar.
À l’occasion de l’exposition, des oeuvres emblématiques sont sorties pour la première fois des États-Unis. L’Établissement public du Domaine national de Versailles souligne d’ailleurs
« la générosité des prêts consentis »
comme celui de l’aigle de diamants, la pièce la plus précieuse de la prestigieuse collection des Cincinnati.
Le château a aussi choisi de présenter l’exposition dans la Galerie des Batailles, à proximité de la représentation de la bataille de Yorktown, l’affrontement décisif de 1781. En 1835, un an après la mort de La Fayette, Louis-Philippe en commande l’image commémorative, montrant en cela que le souvenir de cette guerre et de ses sacrifices était encore bien présent ; un souvenir entretenu outre-Atlantique comme une dette de sang et qui explique la ferveur du mot célèbre prononcé en 1917 : La Fayette, nous voilà !