Alain dévoile les secrets de Notre-Dame aux touristes chinois
Ancien militaire et globe-trotter mais aussi polyglotte, Alain Litzellman fait visiter deux fois par mois la célèbre cathédrale aux touristes chinois.
Alain Litzellman a une carrière et une vie bien remplie. Ancien militaire attaché de défense à l’ambassade de Manille aux Philippines, le président du Rotary club d’Aubergenville s’est reconverti en guide touristique mais sa « clientèle » est particulière. Alain Litzellman propose bénévolement depuis une dizaine d’années des visites de la cathédrale Notre-Dame de Paris aux touristes chinois de passage dans la capitale.
Comment traduire le vocabulaire de l’architecture et du religieux, ou bien expliquer le principe de la trinité à des gens qui ne connaissent a priori rien à la religion chrétienne ? C’est ce genre de défis qu’a voulu relever Alain Litzellmann. Sa carrière de militaire l’a amené à apprendre plusieurs langues. Il parle aujourd’hui évidemment l’anglais, le russe, le tchèque et a quelques notions de tagalog (une des langues parlées aux Philippines). Mais c’est au cours d’une de ses formations militaires à Taïwan qu’Alain a appris le chinois. « J’ai eu le niveau 9 000 caractères, ce qui correspond à celui d’un intellectuel chinois. Mais aujourd’hui j’ai beaucoup perdu », estime-t-il, modeste.
C’est après sa retraite de militaire que sa « carrière » de guide touristique a débuté. Convaincu par une amie qui organise des visites de Notre-Dame en allemand, Alain décide de mettre à contribution ses compétences en mandarin. « Il y avait un peu de trac et d’appréhension à la première visite. J’ai travaillé pendant six mois pour acquérir le vocabulaire nécessaire spécifique à l’architecture. Trouver des dictionnaires complets est très difficile. » Alain s’est notamment trouvé en difficulté lorsqu’il a fallu traduire la crosse de Clément de Metz chassant le dragon. « Je me suis reporté sur un dictionnaire qui m’indiquait le mot « pigu » pour traduire crosse. Heureusement que j’ai compris l’erreur car je savais que pigu signifiait littéralement le cul », s’amuse Alain, qui a
finalement décidé de traduire sceptre au lieu de crosse, faute de mieux.
Ce qui plaît aux Chinois dans les visites d’Alain, c’est l’humour
dont il fait preuve. « J’essaye de les faire rire avec la bible et l’histoire. Je leur raconte par exemple comment l’architecte Viollet-le-Duc a remplacé le visage de saint Thomas par le sien. Ils ne posent pas de question, ce n’est pas dans leur culture. Pour eux, c’est un cours et ils écoutent avant de se faire photographier avec moi à la fin. Ils viennent avant tout visiter Notre-Dame pour voir quelque chose de beau. Le côté culturel ou religieux les intéresse moins. » Qu’importe, Alain ne se lasse pas de perfectionner sa visite maintenant rodée. « C’est aussi une façon de continuer à pratiquer. Comme toutes les langues, on perd le niveau acquis si l’on ne pratique pas régulièrement. »
Trac et appréhension « Pas de questions »