Le trafiquant de cannabis menait grand train

Deux voyages, dont un à Doha (Qatar), des montres, des vestes en cuir, plusieurs jeans, une paire de chaussures à 600 euros… Cet inventaire, celui des cadeaux que le trafiquant en récidive s’est offert, s’est égrené durant de longues minutes dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Versailles, mardi dernier.

Incarcéré depuis le 1er août, un Mantais de 25 ans s’était lancé depuis deux ans dans un juteux trafic de stupéfiants.

La veille, il avait été interpellé en flagrant délit lors d’un banal contrôle de police, à Mantes-la-Jolie. Une plaquette de 100 grammes de résine de cannabis avait été retrouvée à l’intérieur de son véhicule, ce qui avait mis la puce à l’oreille des policiers.

Lors de la perquisition réalisée à son domicile, les enquêteurs ont ainsi mis la main sur le parfait attirail du revendeur au détail : balance de précision, réchaud, couteaux, sachets… Le temps des voyages luxueux était terminé.

Son train de vie, jugé trop élevé par rapport à ses faibles revenus, a été passé au crible durant l’audience. Et pour cause, près de 12 000 euros avaient été retrouvés sur ses différents comptes bancaires, qui ont été placés sous scellés.

Pour justifier de ces sommes, le jeune homme, qui achevait une formation de chauffeur de bus, a argué qu’il économisait

« depuis l’âge de 16 ans ». « J’ai toujours travaillé jusqu’à aujourd’hui », a-t-il ajouté.

« À ce moment-là, il faut donner votre recette à tout le monde », s’est exclamé le président du tribunal, mi-dubitatif, mi-ironique, avant de qualifier le trafiquant présumé d’« as de l’économie ». Son avocat a estimé qu’il avait « un train de vie tout à fait en adéquation avec ses revenus ». Pas le procureur, qui a demandé à son encontre une peine de 15 mois de prison, dont huit mois avec sursis et de mise à l’épreuve. « Nous sommes face à un individu qui prépare son avenir méthodiquement », a fait valoir le ministère public.

Le prévenu a reconnu doubler sa mise à chacune de ses ventes et n’a d’ailleurs pas disconvenu des faits, apportant cependant une nuance à ce réquisitoire. Il se livrait à un trafic de cannabis, certes, mais uniquement durant ses périodes de chômage.

Il a écopé de 15 mois de prison ferme, auxquels s’ajoutent 3 mois pour la révocation d’un sursis de mise à l’épreuve prononcé pour des faits similaires. Au total, il a été condamné à 18 mois de prison ferme. L’addition, pour tous ces « petits » présents, s’avère donc particulièrement salée.