Le Courrier de Mantes

Auguste Goust, une figure politique

- C.E. avec Roger Colombier

On le sait, l’implantati­on du chemin de fer dans la région a été capitale pour son développem­ent. C’est avec le rail que le Mantois commence sa transforma­tion économique et industriel­le. Dans le même temps, le paysage social évolue fortement et, avec la création de la cité Buddicom des cheminots à Gassicourt, la nouvelle corporatio­n des employés du Chemin de fer de l’Ouest voit le jour. Ce nouveau métier fait naître le syndicalis­me dans la région.

Un de ces travailleu­rs du rail a laissé une empreinte indélébile à Mantes-la-Jolie. Il s’agit d’Auguste Goust, maire de 1908 à 1941 et député de la circonscri­ption de 1914 à 1919 et de 1923 à 1928. Il fut également un grand syndicalis­te et un membre de la loge maçonnique Liberté.

Né à Poissy en 1859, Auguste Goust poursuit ses études à Saint-Germain-en-Laye puis entre dans l’administra­tion des impôts. Après avoir réussi le concours de commis principal de bureau, il entre aux Chemins de fer de l’État, puis adhère au Syndicat national des employés des chemins de fer de France et des colonies qui est affilié à la CGT.

Dans ses écrits sur le personnage, l’historien Roger Colombier le qualifie

« d’instruit et de bon orateur ». « Le prestige d’Auguste Goust grandit au sein de sa corporatio­n, qui le désigne comme représenta­nt du personnel au Conseil d’administra­tion des Chemins de fer de l’État de 1908 à 1912. »

Peu à peu, il gravit les échelons du syndicalis­me. L’homme est très écouté par les cheminots, et au-delà, par le mouvement ouvrier du Mantois. Marié à la fille du luthier Perrier, Auguste Goust fonde la Solidarité Mantaise, une coopérativ­e ouvrière qui rassemble 300 sociétaire­s, puis le 10 mars 1908, une union qui rassemble le courant réformiste de la région : cheminots, luthiers, métallurgi­stes, maçons et ouvriers boulangers, qui sont les organisati­ons les plus nombreuses en adhérents.

Peu à peu, l’homme entre en politique. Roger Colombier raconte :

« Réformiste dans ses conviction­s syndicales, Auguste Goust le reste en adhérant au parti radicalsoc­ialiste. Et avec l’appui du sous-préfet, soutenu par le Journal de Mantes, journal le plus ancien et le plus lu dans tout le Mantois, fort de son aura parmi le mouvement ouvrier et les francs-maçons, Auguste Goust se présente donc à l’élection municipale partielle du 27 octobre 1907. »

Mais rapidement, il tergiverse. Lors de la grève générale des cheminots d’octobre 1910, sa position paraît équivoque : il soutient le mouvement et exhorte les grévistes à reprendre le travail dès que le gouverneme­nt les réquisitio­nne. Cependant, le mouvement ouvrier ne semble pas lui en tenir rigueur : il est réélu maire en mai 1912. Il sera élu député dès le premier tour.

Il sera battu à l’élection suivante mais réélu maire le 30 novembre 1919. De nouveau, il ne parvient

pas à se positionne­r : « Lors de la grève générale des cheminots de 1920, malgré des discours enflammés devant les grévistes, il est timoré dans ses interventi­ons au gouverneme­nt et dans le soutien de son conseil municipal à la grève. Cette fois, des velléités locales voient le jour à son encontre. Et aux municipale­s de 1925, une liste dite de bloc ouvrier et paysan, aux sympathies communiste­s reconnues, l’affronte, avec 17 candidats dont 9 cheminots. Il est cependant réélu maire comme chef de file de l’Union des Gauches et des intérêts communaux. »

Un travailleu­r du rail Un maire franc-maçon Aimé malgré tout

Franc-maçon, il sera finalement déchu de son siège de maire. Pétain, le «vainqueur de Verdun» ne veut pas de ceux qu’ils nomment partisans de l’anti-France : francs-maçons, juifs, syndicalis­tes, républicai­ns, gaullistes ou communiste­s.

Auguste Goust sera réélu maire après la signature de l’armistice. Dans ses écrits, Roger Colombier remarque qu’il n’a pas pris position lorsque le gouverneme­nt de la IIIe République a dissous l’Union locale CGT et a déchu les conseiller­s prud’homaux aux sympathies communiste­s. Il note aussi que l’ancien syndicalis­te n’a rien dit non plus quand les syndicats ont été chassés de la Bourse du travail à cette époque. Même silence quand la police de Vichy a fait arbitraire­ment interner des cheminots à Aincourt ou ailleurs.

Le 24 septembre 1944, Auguste Goust préside donc un conseil municipal composé des partis et organisati­ons n’ayant pas collaboré avec Vichy ou les Allemands. Les élections municipale­s du 20 avril 1945 donnent un communiste comme maire à la ville de Mantes : Claude Gilliet, ancien cheminot comme Auguste Goust.

Goust mourra à Mantes le 28 janvier 1949 et sera inhumé devant une foule immense venue lui rendre un dernier hommage.

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Auguste Goust a été maire de Mantes-la-Jolie. Il a également été trois fois député de Seine-et-Oise.
 ??  ?? Auguste Goust, le 1er novembre 1944, lors de la cérémonie en l’honneur des résistants du Mantois fusillés par les Allemands. (© Roger Colombier)
Auguste Goust, le 1er novembre 1944, lors de la cérémonie en l’honneur des résistants du Mantois fusillés par les Allemands. (© Roger Colombier)

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