L’entreprise Hervé : trois générations de bâtisseurs
Hervé SA,construit des sièges sociaux de grandes entreprises comme Mercèdes ou Aéroports de Paris, mais aussi des collèges, des lycées, des hôpitaux, des logements. 70 ans après sa création, l’entreprise mantaise continue de bâtir son histoire.
Cette année, la société Hervé fêtera ses 70 ans. En trois générations, l’entreprise de bâtiment et génie civil s’est forgée une réputation qui en fait une institution dans toute la région. Aujourd’hui, Hervé SA emploie 300 personnes. Jean-Michel Salvador, le petit-fils de Louis Hervé, le fondateur, a pris la succession de sa mère en 1998. Mais à plus de 80 ans, Renée Salvador se rend quotidiennement à son bureau de l’immeuble Apollo, rue du palais de Justice à Mantes-la-Jolie. Elle préside le conseil de surveillance. Elle veille à ce que l’esprit de famille continue à régner. « C’est ce qui nous a permis de traverser les périodes difficiles comme celle que connaît le bâtiment aujourd’hui », explique-t-elle.
L’histoire a commencé un beau jour de 1946 dans le petit village de Lainville où la famille Hervé était installée. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le pays est à reconstruire. Louis Hervé se dit qu’il y aura du travail pour les hommes courageux et entreprenants. Il embauche un ouvrier et créée son entreprise. « Maçonnerie, électricité, plomberie, chauffage : mon père faisait tout. Ma mère s’occupait de la comptabilité, comme le faisaient et les font encore les femmes d’artisans », racontait Renée Salvador en 2006 dans un article que le Courrier de Mantes avait consacré aux 60 ans de l’entreprise.
À l’époque, elle était toute jeune fille. Elle n’a pas oublié les tournées qu’elle effectuait le dimanche à vélo avec sa soeur Sylviane pour distribuer des buvards à l’effigie de l’entreprise générale Hervé. « C’était le moyen que nous avions trouvé pour nous faire connaître. On en a fait des kilomètres ! » Une pub efficace puisque
On construit en famille
neuf ans plus tard, en 1955, l’entreprise comptait déjà une cinquante d’employés. « Au départ, je n’avais pas l’intention de travailler dans l’entreprise
familiale », se souvient-elle. Mais le destin devait en décider autrement. Responsable des approvisionnements dans une société parisienne, Renée suivait les cours du soir du CNAM pour devenir ingénieur. Sur les bancs du conservatoire son chemin a croisé celui d’un jeune ingénieur du bâtiment qui devint son mari. En 1955, Marc Salvador rejoint l’entreprise de son beau-père.
En 1958, Hervé s’installe à Mantes-la-Jolie. C’est le début des « trente glorieuses ». On bâtit à tour de
bras. « Entre 1957 et 1983, nous avons construit plus de 800 classes, de la maternelle au collège, plus de 850 logements à Mantesla-Jolie et 600 à Mantes-laVille », note Mme Salvador. En 1972, Louis Hervé prend une retraite bine méritée et passe les rênes à son gendre, Marc Salvador. Celui-ci nourrit de grandes ambitions pour la société. Il lui donnera une dimension internationale en remportant des marchés dans les pays arabes, en Amérique latine
et même aux États-Unis. Hervé SA est à son zénith et compte plus de 700 salariés quand Marc Salvador décède tragiquement dans un accident de voiture en 1983. Renée Salvador poursuit
l’activité. « C’était comme une chape de plomb qui venait de tomber sur mes épaules. Malgré la douleur, je ne pouvais me laisser aller au chagrin. Il y avait l’entreprise, tous les salariés, les chantiers et les contrats en cours. Il fallait réagir très vite. Je me suis jetée dans le travail », expliquait-elle en 2006.
Femme PDG dans un monde presque exclusivement masculin, Renée Salvador a su se révéler une négociatrice redoutable et résister aux majors du BTP qui auraient volontiers croqué ce fleuron. Elle n’a eu de cesse de conforter son indépendance de PME malgré une conjoncture souvent difficile.
Les années quatre-vingt-dix marquent l’arrivée de la troisième
Le bâtiment : une aventure humaine
génération avec toujours la même passion d’entreprendre. Jean-Michel Salvador aura pour tâche de pérenniser l’entreprise familiale.
Les dix dernières années sont synonymes d’évolution. « Le Grenelle de l’environnement a été moteur d’innovation technique dans le bâtiment », explique le directeur général Jean-Louis Figueiredo. Pour suivre le mouvement, Hervé SA renforce son bureau d’études. Il compte aujourd’hui 25 ingénieurs spécialisés dans différents domaines de la construction. « C’est une structure digne d’une major », souligne Jean-Louis Figueiredo. Un savoir-faire technologique et une compétence dans la gestion des grands chantiers qui lui permettent de remporter de très gros marchés comme la rénovation de la prison de FleurisMérogis (8 ans de travaux qui viennent de s’achever) ou encore la construction du siège social d’Aéroports de Paris, dont la livraison est prévue en en 2017 « Le bâtiment est avant tout une aventure humaine », affirme Jean-Michel Salvador. Une aventure qui n’est pas près de s’arrêter.