Le Courrier de Mantes

« La question de l’annulation ne s’est pas posée »

Le festival musical organisé au parc national de Saint-Cloud s’est imposé en quatorze éditions parmi les plus grands rendez-vous du genre. Le point sur l’édition 2016, programmé entre le 26 et le 28 août, avec François Missonnier, son directeur.

- Propos recueillis par Patrick Auffret

Entre les attentats, les exigences préfectora­les, cette édition 2016 de Rock en Seine a-t-elle été difficile à maintenir ?

François Missonnier.

Nous avons depuis de nombreux mois travaillé sur le dispositif d’accueil et de sécurité du public. Nous l’avions déjà renforcé l’an dernier ! Nous sommes sur un principe qui n’a pas changé, celui d’une collaborat­ion avec les services de l’État. Nous avons bâti avec eux le plan de sécurité du festival en nous conformant à la lettre aux préconisat­ions des autorités sur tout le dispositif. cela va se traduire par une augmentati­on très importante des moyens humains et techniques pour l’accueil des festivalie­rs. Il sera demandé à ceux-ci de se prêter à des contrôles plus stricts que d’habitude en matière de palpation et d’inspection. Les grands sacs notamment vont être interdits sur le festival. Tout cela a bien été pris en compte et la Préfecture a jugé que le dispositif offrait de bonnes garanties de sécurité pour la venue du public. La question de l’annulation ne s’est de ce fait pas posée. Cela vous a coûté cher de suivre toutes ces préconisat­ions ?

Oui, cela a bien sûr coûté cher. Le budget sécurité a augmenté de 30 à 40 %, ce qui va le porter à plus de 600 000 euros. Un investisse­ment supplément­aire de 200 000 à 300 000 euros ! Ce sera pris en charge pour partie par un fond d’urgence mis en place par un certain nombre de partenaire­s, dont le Ministère de la Culture. Cela pour un budget global du festival entre 6,5 à 7 millions d’euros. Vous avez aussi cette année été confronté à un changement de majorité à la Région. Comment cela se passe avec Valérie Pécresse, la nouvelle présidente ?

Plutôt bien. La configurat­ion de cette année est néanmoins particuliè­re car les équipes ont changé de façon tardive par rapport à notre organisati­on. Les élections ont eu lieu en décembre. Nous avons eu assez peu de temps pour faire connaissan­ce et travailler mais les premiers contacts et les premières réunions ont été positifs. À ce jour, j’ai le sentiment que nous nous inscrivons dans la continuité des relations que nous avions dans le passé avec la Région. Nous allons davantage travailler cet automne sur les objectifs et les volontés du nouvel exécutif et de Valérie Pécresse. Il faut regarder ensemble la place qu’un événement comme Rock en Seine peut tenir sur le territoire. La subvention a-t-elle été reconduite ?

Le vote a eu lieu en juillet. C’est à la fois tardif et rassurant car elle est de 600 000 euros, contre 655 000 l’an passé. Cette baisse ne remet pas en cause les fondamenta­ux du partenaria­t même si une baisse n’est jamais une bonne nouvelle. Je reste plutôt confiant pour l’avenir. Quels changement­s cette année ?

Le principal, c’est la thématique de l’année, avec le slogan Let’s dance, un clin d’oeil à David Bowie. Cela va se traduire par l’arrivée d’un dancing sur le site. La journée, il y aura de la danse et de l’initiation et avec le coucher du soleil, le dancing va devenir clubbing. Ce sera un espace couvert mais ouvert pour faire danser les festivalie­rs. Quels sont vos gros coups de coeur de cette année ?

Le plus gros sera sur scène vendredi : The Last Shadows Puppets, l’autre groupe d’Alex Turner, le chanteur des Arctic Monkeys. C’est joyeux et jouissif. Il y a aussi Anderson.paak, le nouveau Prince. Dans son disque, il y a toutes les influences de la musique noire américaine. C’est un voyage extraordin­aire au sein de la musique black américaine et c’est fantastiqu­e sur scène. Nous avons aussi samedi le grand retour de La Femme, pour brandir l’étendard français de la scène rock. Et pour le dimanche, Cassius, les pionniers de l’electro house française et bien sûr Iggy Pop, qui n’a encore jamais joué à Rock en seine. C’est un honneur de l’accueillir. Pour Rock en Seine, vous êtes encadré par deux des plus gros producteur­s français, Christophe Davy (Radical) et Salomon Hazot (Nous production­s). Comment se passe votre collaborat­ion, ils vous imposent leurs groupes ?

Nous faisons cela ensemble, ils n’imposent rien mais du fait de leur connaissan­ce du milieu et de leurs contacts dans l’industrie de la musique, cela leur permet plus facilement de savoir le plus tôt possible quels sont les artistes qui seront intéressan­ts demain. À Rock en seine, la moitié des groupes a un seul album au compteur ! C’est important d’être au plus proche des profession­nels pour savoir qui va émerger. Il ne s’agit pas d’imposer des groupes mais d’en convaincre de venir jouer à Paris plutôt qu’ils aillent aux États-Unis ou en Asie où ils pourraient avoir beaucoup plus d’argent. Il faut un pouvoir de séduction pour que les artistes que l’on rêve d’avoir choisissen­t Rock en Seine plutôt qu’un festival aux États-Unis. Certains tourneurs comme Alias gèrent déjà des festivals en France. La tentation doit être grande pour eux de se garder ses artistes maison ? Pas de PJ Harvey cette année, pas de Nick Cave l’an passé ?

Cela ne se passe pas du tout comme cela ! Les premiers qui décident ne sont pas les tourneurs français mais les artistes eux-mêmes et leur manager. Quand PJ Harvey bâtie sa tournée mondiale de l’été 2016, elle ne s’intéresse pas au cas particulie­r de ses représenta­nts dans tous les pays de la planète mais à la route des festivals au niveau mondial. Ce n’est pas la petite tambouille française qui compte. Après, à chaque festival de faire valoir son intérêt. Des regrets pour cette année. Il n’y a toujours pas The Cure à Rock en Seine ?

Exactement ! Toujours pas de The Cure. Nous avons discuté à l’automne dernier mais la tournée ne pouvait commencer qu’à partir de mi-septembre. On ne désespère pas d’avoir Robert Smith à Rock en Seine, il serait vraiment le bienvenu. Cette édition va être à guichets fermés ?

Tout va se jouer cette dernière semaine. Les forfaits trois jours sont épuisés. Je suis assez confiant sur le fait de dépasser les 100 000 spectateur­s, pour une capacité maximale de 120 000 personnes. Ce que nous avons réalisé en 2014 et 2015.

Le budget sécurité explose Un dancing sur le site « C’est au niveau mondial que cela se passe »

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