Tony Yoka vaut son pesant d’or
L’ancien boxeur du BA Les Mureaux est devenu dimanche à Rio le premier Français sacré dans la catégorie reine des super-lourds. La suite de sa carrière devrait s’écrire chez les professionnels, où il nourrit là aussi de grandes ambitions.
Tony Yoka n’a pas tardé à exulter après sa victoire contre l’Anglais Joseph Joyce, contre qui il avait perdu lors des Jeux Européens de Bakou en juin 2015, en finale du tournoi de boxe des + 91 kg, dimanche à Rio.
Le pugiliste qui a quitté récemment le BA Les Mureaux (aujourd’hui dissout) a obtenu ce qu’il était venu chercher au Brésil : la médaille d’or dans la catégorie des poids super-lourds qui le place de facto parmi les grands espoirs de la boxe professionnelle mondiale.
Par rapport à ses prédécesseurs, tel l’Anglais Lennox Lewis (sacré en 1988 sous la bannière canadienne), Yoka a déjà eu l’opportunité de découvrir le monde professionnel. Ses nombreux combats en World Series of Boxing l’ont aidé et lui ont permis de progresser plus rapidement. Passé un peu au travers des JO de Londres (même s’il y aurait à redire sur son revers au premier tour face au Canadien Simon Kean), Yoka a remis le bleu de chauffe pour éviter de connaître la même désillusion au Brésil.
Statut assumé
Arrivé cette fois en tant que champion du monde en titre, le Chantelouvais a assumé son statut jusqu’au bout avec une grande intelligence tactique et son élégance habituelle sur le ring. Ce sacre glané en octobre dernier a été une formidable rampe de lancement. Une manière de lancer un message fort à dix mois des JO et de réaliser la prophétie de son père. « Tout jeune, il m’avait dit que j’irai aux Jeux de 2012 et que je serai ensuite champion olympique en 2016 », s’amuse-t-il à répéter sans cesse aux médias.
C’est l’affrontement en demifinale face au Croate Filp Hrgovic, une finale avant la lettre, qui aura sans doute décidé du titre olympique, les deux meilleurs combattants livrant un duel serré et intense. Là, Tony Yoka a prouvé qu’il avait grandi, offrant une prestation technique complète et évitant de se jeter dans le piège tendu par un Hrgovic, qui espérait bien le faire dégoupiller.
Après l’explication de ces deux champions, et le succès étriqué mais mérité de Yoka, ce dernier a su contenir ses émotions pour parvenir à défaite un Joe Joyce toujours aussi frustre dans sa boxe mais dangereux avec son punch. « Je savais qu’il allait mettre beaucoup de coups, qu’il fallait que j’aie une boxe imperméable et que j’arrive à le toucher très nettement. C’est ce que j’ai fait.
Il a beaucoup tenté mais j’ai
été plus précis », confie celui qui a disputé cette finale avec… un ligament arraché à la cheville, stigmate de sa demi-finale.
Tony Yoka devient le premier champion olympique français chez les poids super-lourds. Cela devrait être son dernier titre chez les amateurs puisqu’il veut désormais s’aligner chez les pros. Et peut-être devenir le premier Français titré dans la catégorie reine.