Le Courrier de Mantes

Abballa sera-t-il inhumé à Gassicourt ?

La mairie de Mantes-la-Jolie s’oppose à l’enterremen­t du tueur de Magnanvill­e au cimetière de Gassicourt. Le tribunal administra­tif se prononcera le 22 septembre.

- Gaëlle Nays

Le litige qui oppose la famille de Larossi Abballa à la municipali­té de Mantes-la-Jolie est-il en passe d’être réglé ? Les procédures judiciaire­s engagées ne le laissent pas penser.

Le tribunal administra­tif de Versailles s’est penché, jeudi 8 juin, sur une plainte de la famille du tueur de Magnanvill­e. Celleci s’oppose à la décision de la mairie de Mantes-la-Jolie de ne pas laisser enterrer le terroriste dans le carré musulman du cimetière de Gassicourt, comme ils le demandent.

Le meurtrier de deux policiers, qui avait agi le 13 juin, aurait commis son crime au nom de Daesh. Il avait été abattu par le Raid. Les manifestat­ions qui ont suivi les faits témoignaie­nt de l’indignatio­n et de l’émotion des Mantais. Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing ont été tués sous les yeux de leur fils de 3 ans. « Nous nous inquiétons de l’émotion que cet enterremen­t pourrait susciter. Nous craignons aussi que des collègues des victimes soient sollicitée­s pour la sécurité », indique Benoît Jorion, avocat de la municipali­té.

Le 8 juin, le tribunal administra­tif n’a pris aucune décision, conforméme­nt à la procédure du jugement collégial. Le président de la chambre et ses rapporteur­s ont quinze jours pour participer à une lecture de fond. Le tribunal

versaillai­s rendra donc son jugement le 22 septembre. Le jugement en urgence, qui a eu lieu le 9 août, avait en effet abouti à un non-lieu. « La requête (…) est rejetée », a annoncé le référé, dont Le Courrier de Mantes s’est procuré le rapport.

Un autre article du jugement

indiquait qu’« il n’y a pas lieu de statuer sur la demande de renvoi au Conseil d’État de la question prioritair­e de constituti­onnalité soulevée par la commune de Mantesla-Jolie. » En effet, la municipali­té mantaise avait fait savoir qu’elle entendait contester la loi relative au droit d’inhumation des communes. En clair, elle s’oppose à l’obligation légale de laisser enterrer un habitant sur son territoire, mais aussi à l’interdicti­on d’établir une différence en fonction des circonstan­ces du décès. « Nous pourrions par exemple demander que le nom du terroriste n’apparaisse pas au cimetière », explique Benoît Jorion.

Depuis le référé, la mairie a réitéré sa demande par écrit, dans l’attente de l’audience approfondi­e. Le rapporteur a proposé, jeudi dernier, de transmettr­e cette QPC au Conseil d’État. Une victoire pour le camp de la municipali­té mantaise. « C’est de très bon augure pour notre demande. Il y a de fortes chances pour qu’elle aboutisse, même si le processus sera long », ajoute l’avocat. « Ce devrait être aux parlementa­ires de décider et non à la mairie par voie judiciaire,

répond Victor Lima, l’avocat de la famille Abballa. Est-ce que l’opinion publique se préoccupe de savoir où sont enterrés les détenus des maisons d’arrêt ? »

Au cours de l’audience, l’avocat de la municipali­té a évoqué le sort de criminels nazis jugés à Nuremberg, dont les corps ont été réduits en cendres. Il a aussi rappelé que le corps de Ben Laden a été jeté à la mer. « Nous pouvons imaginer d’autres solutions que les inhumation­s dans des lieux fixes », a-t-il plaidé. Quant à Victor Lima, il parle d’« un état de choc de la famille quand on compare Abballa à Oussama Ben Laden ». Et d’ajouter : « On n’a plus à revenir sur les circonstan­ces de sa mort. En France, on enterre les morts, on ne les jette pas à l’eau. »

Un échec en référé Comparé à Ben Laden

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Le cimetière de Gassicourt pourrait accueillir le corps de Larossi Abballa.

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