Le Courrier de Mantes

Les profs mettent une mauvaise note

Les enseignant­s s’inquiètent déjà du problème des remplaceme­nts qui, selon eux, arriveront très tôt cette année. Ils sont toujours vent debout contre la réforme. Selon la FSU, syndicat majoritair­e, la rentrée s’est faite sous tension.

- Francine Carrière

Loin du satisfecit affiché par les services du rectorat et de l’académie de Versailles, les enseignant­s de la FSU (fédération des syndicats unitaires) font un bilan très mitigé de la rentrée 2016.

Dysfonctio­nnements à venir dans les écoles

Cette année, le concours des professeur­s des écoles n’a pas fait le plein. Une centaine de postes n’ont pas été pourvus. Du coup, l’Éducation nationale

a recruté 63 contractue­ls. « Des enseignant­s qui ont été mis face à des élèves avec des

formations expéditive­s », souligne Jacques Jaudeau, secrétaire départemen­tal du SNES.

Martine Dupré-Félix, responsabl­e du SNU-IPP (syndicat du 1er degré) dénonce le manque de moyens alloués à la formation des jeunes enseignant­s stagiaires. « Ils doivent être encadrés par des maîtres-formateurs. Nous en sommes à un maître pour 4, voire pour 6 stagiaires. C’est impossible. Résultat, ce sont les collèges

qui aident comme ils peuvent ces jeunes enseignant­s. »

Elle évoque également le dispositif de mise en sécurité des élèves dans le contexte des risques d’attentats terroriste­s

qui a été lancé « sans aucune concertati­on, sans informatio­n, ni formation ».

« Ce n’est pas notre rôle de contrôler les identités, ni de fouiller les gens. Nous n’avons jamais laissé entrer des personnes inconnues à l’école. Nous sommes attentifs aux nouvelles familles. Nous demandons que les abords des écoles soient hypersécur­isés, mais nous ne céderons pas au climat délétère. Nous ne tomberons pas dans l’hystérie collective », poursuit Patricia Lartot, directrice d’école au Val Fourré.

La mise en place des nouveaux programmes, sans aucun support sur lesquels s’appuyer, est également pointée du doigt. Contre la réforme des collèges

« La tension est toujours très forte. La majorité des collègues rejettent la réforme des collèges », résume Michel Chastan, co-secrétaire départemen­tal de la FSU. « Comment mettre en place l’accompagne­ment personnali­sé alors que l’on approche de 30 élèves par classe ? », interroge-t-il. Dans certains établissem­ents, l’inquiétude grandit car des blocs de 6 à 9 heures d’enseigneme­nt ne sont toujours pas pourvus. Au collège Arthur-Rimbaud d’Aubergenvi­lle, il manque des heures en physique-chimie et en musique. Au collège des Nénuphars à Bréval, on attend des profs en physique-chimie, en allemand et en maths. Le collège George-Sand de Magnanvill­e enregistre un déficit en histoire, en sciences, en français en anglais et en techno. C’est encore plus délicat au collège Chénier de Mantes-la-Jolie, un établissem­ent classé en REP +, où il manque 39 heures, dont un poste complet d’histoire-géographie. À Meulan, au collège Henri IV, les langues vivantes sont touchées : 4 heures d’espagnol et un poste d’anglais se font attendre.

Au lycée, les séries techno saturées

Quand François Hollande a annoncé, en surprenant tout le monde, le mise en chantier de la réforme des lycées, les profs sont tombés de l’armoire. En attendant, la suppressio­n du redoubleme­nt en fin de seconde pose déjà des problèmes. « Cela n’a pas été anticipé. Pourtant, il ne fallait être devin pour savoir que les élèves qui n’avaient pas le niveau seraient orientés vers les séries technologi­ques. On propose à ces jeunes fragiles des orientatio­ns par défaut et l’on favorise les situations de décrochage », analyse Jacques Jaudeau qui poursuit : « On se prive du moyen de remédiatio­n que peut être le redoubleme­nt et l’on surcharge les effectifs des classes techno, qui tournent à 33 élèves. »

Vive inquiétude aussi dans les lycées profession­nels où la diminution de la taxe d’apprentiss­age de 30 % en deux ans a appauvri les budgets et les moyens d’investir dans le matériel indispensa­ble à la formation des élèves. Dans ce secteur aussi, la pénurie d’enseignant­s se fait sentir, le recours a des contractue­ls est massif et le vivier de remplaçant­s est déjà épuisé.

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Le 6 septembre à Mantes-la-Ville, les enseignant­s de la FSU ont fait le bilan de la rentrée.

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