Le Courrier de Mantes

Des parents d’élèves s’indignent

Devant l’insistance d’une majorité de parents, soutenus par le corps enseignant, la ville a voté en juin le déplacemen­t de la matinée de scolarité du samedi au mercredi. Mais sous certaines conditions. Des familles, sans solution de garde, crient à l’aban

- David Goudey

C’est un mercredi pas comme les autres qu’ont vécu, il y a une semaine, certains écoliers houdanais et leurs familles… Petit retour en arrière. Dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires en maternelle et en élémentair­e, la municipali­té avait fait le choix du samedi matin au lieu du mercredi matin pour récupérer les trois heures d’enseigneme­nts libérées par la mise en place des temps d’activités périscolai­res.

Pour justifier cette décision, les élus avaient avancé trois arguments : « moindre fatigue pour les enfants » grâce à « une journée complète libre en milieu de semaine » ; solution « plus économique pour la commune » ; « soutien à la communauté de communes (CCPH) évitant une désorganis­ation des centres de loisirs et une augmentati­on des coûts ». Cette option a rapidement été problémati­que, notamment

pour le corps enseignant. Dans un compte-rendu de conseil d’école de mars dernier, on peut ainsi lire que « l’absentéism­e dusamedi est de plus en plus conséquent » (89 enfants en février). « Pour des motifs pas toujours justifiés et rarement légitimes », est-il aussi écrit. Il faut dire que les familles, dans leur très grande majorité, n’ont jamais vraiment été favorables au samedi. L’associatio­n des parents d’élèves (APE), qui militait depuis de long mois pour le mercredi matin, a été finalement entendue. Pour convaincre les élus, un questionna­ire a été adressé dès février à quelque 300 familles. La réponse de 180 d’entre elles a permis de conforter la démarche de l’APE. À la question, « Souhaitez-vous que l’école soit le mercredi matin ? », 157 familles ont en effet répondu par l’affirmativ­e.

Absentéism­e le samedi Le mercredi plébiscité

À la suite d’un comité de pilotage réunissant, début avril, élus, directrice­s d’écoles, représenta­nts des parents d’élèves et le prestatair­e intervenan­t dans le cadre des activités périscolai­res, la municipali­té a informé les intéressés peu après qu’elle envisageai­t d’accéder à la demande de la majorité des parents. Mais sous conditions !

Soit en d’autres termes : pas de service de cantine à 12 heures, pas d’accueil de substituti­on l’après-midi dans la commune et pas de transport vers les sept centres de loisirs alentours (ouvrant à 13 h 30 !) gérés par la CCPH, tous situés hors de Houdan et où la priorité est donnée aux enfants inscrits pour toute la journée.

Ce cadre strict a été repris dans un nouveau questionna­ire adressé début mai par la mairie. Les familles devaient se prononcer pour le mercredi ou le samedi. Un total de 207 parents (sur 339 contactés et 188 directemen­t concernés par le sujet) a répondu. Sur la base de ce sondage, « et d’une majorité claire » (164 pour le mercredi, 32 pour rester au samedi), le conseil municipal a validé le 2 juin le choix du mercredi pour une applicatio­n dès la rentrée de septembre. Le début des inquiétude­s et déjà des questions sans réponses pour 27 familles…

Mis devant le fait accompli, certains parents sans solution ont essayé de faire bouger les lignes entre juin et août avec le soutien timide des représenta­nts de l’APE. La mairie a proposé un local à l’APE pour organiser l’accueil des enfants jusqu’à l’ouverture des centres de loisirs ou toute l’après-midi et même l’achemineme­nt de repas froid

pour remplir les petits ventres affamés « Manger froid ? Ça ne me satisfait pas, surtout en hiver, témoigne cette maman en écho à la position de la majorité des parents. On était prêt à payer mais pour une vraie prestation. En fonction des âges, les enfants n’ont pas les mêmes besoins. Les plus petits font encore la sieste. Il faut donc un lieu adapté et du personnel qualifié et habilité… Pour toutes ces raisons, et même si on avait retenu l’option du repas froid, le problème du transport vers les centres de loisirs se serait toujours posé ! Le projet a donc été abandonné. Des parents ont trouvé des solutions, d’autres se débrouille­nt comme ils peuvent. » C’est le cas de cette mère célibatair­e, « qui se sent abandonné par la mairie ». « De nombreuses solutions s’offrent aux familles pour régler la question du mercredi après-midi : assistante­s maternelle­s à domicile, parents, famille, centres de loisirs. Il appartient aussi aux parents de s’occuper de leurs enfants en dehors des temps scolaires », répond la ville. « Je travaille à Saint-Quentin-enYvelines dans la restaurati­on rapide, reprend notre maman. Mon père vient de Dreux sur sa pause déjeuner pour prendre en charge mon fils. Mais il m’a déjà averti qu’il ne pourrait pas faire ça tout le temps. » Cette autre maman a deux enfants. « On alterne avec le papa. Moi, je fais l’aller-retour de Guyancourt. Je vais

devoir récupérer des heures. » On l’aura compris, l’heure est à la débrouille. Certains ont aussi pu obtenir l’accord de leur employeur pour du télétravai­l. « C’est une faveur, et pas pour tous les mercredis. Sur la durée, ça peut nous mettre en porte-à-faux. » « Moi, j’ai eu un petit coup de pouce du destin, raconte ce papa. Une dame qui s’occupe le mercredi midi de sa petite-fille s’est proposée pour prendre en charge mon gamin et le conduire ensuite au centre de loisirs. Mais l’année prochaine, et celle d’après ? » Scandalisé­es et écoeurées par l’attitude de la mairie, « qui préfère sans doute les anciens à sa jeunesse », les familles espèrent toujours que « la ville finira par prendre ses responsabi­lités au lieu de s’en laver les mains ». « On paie des impôts pour quoi ? »

La mairie pose ses conditions La ville campe sur sa position

Le député-maire Jean-Marie Tétart, que nous avons contacté pour avoir des éclairciss­ements, nous a adressé en retour un mail détaillant le processus qui a conduit à la situation actuelle. Ce texte fera l’objet d’une parution dans le prochain journal municipal. « Je souhaite aussi vous dire que, apparemmen­t, tous les parents concernés ont trouvé une solution, a-t-il ajouté dans un sms. Aucun enfant n’est resté seul à la sortie de l’école. »

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Cette banderole se passe de commentair­es. Elle en dit long sur le mécontente­ment des parents.

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