Le Courrier de Mantes

C’est le Pérou à l’Astroport !

Une ville rêvée, autogérée, égalitaire, aux portes de Lima, telle est la dernière belle aventure, via un film, à laquelle l’Astroport a convié son petit peuple, vendredi.

- E.O.

Jean-Michel Rodrigo a vécu des années au Pérou, notamment à Villa El Salvador où il est retourné l’été dernier. Il y a huit ans avec sa compagne, Marina Paugam, il a réalisé un film : Villa el Salvador, les bâtisseurs du désert qu’il est venu présenter vendredi soir à l’Astroport… devant une salle comble. Construire une utopie, cela met effectivem­ent en joie ! Une joie que le réalisateu­r a su partager via sa présentati­on qui a mis l’eau à la bouche puis la discussion passionnée qui a suivi essentiell­ement autour de la question : est-ce transposab­le aujourd’hui et maintenant notamment avec le flux des réfugiés ?

Pour le documentar­iste, l’exceptionn­el de Villa el Salvador - 500 000 habitants à ce jour - c’est le nombre justement, l’importance de cette ville, « produit d’un rêve », car insiste-t-il, « de ces utopies qui voient le jour, il en existe plein dans le monde mais on n’en parle pas ! »

Autogestio­n réussie, pourquoi pas ?

Villa el Salvador est sortie du désert en 1971. Ses premiers habitants ? Les population­s les plus pauvres descendues des montagnes ou chassées de la capitale qui vont inventer un modèle de ville et de vie. Pour le réalisateu­r, sa réussite tient à trois conditions : « La rencontre de trois groupes sociaux ouverts qui se sont accepté les uns, les autres : des ouvriers syndicalis­tes et leur culture de la solidarité, des chrétiens de base avec leur sens de la communauté et surtout la foule majoritair­e des illettrés des Andes avec leur immense culture amérindien­ne orale basée sur le collectif » Il raconte encore les débuts de la ville : « 380 maisons formaient un quartier avec chacun son

école, sa bibliothèq­ue, son jardin potager et son terrain de foot ! »

De quartier en quartier, la ville a grandi en développan­t des services de base comme l’eau, l’électricit­é ; un système éducatif, une agricultur­e urbaine vivrière, de l’artisanat, une culture populaire vivante via télé et radios locales. Avec un principe : une fois que ça a été décidé - « à l’unanimité »

on discute jusqu’à y arriver ! - « tout le monde s’y met, écoute » le chef désigné, lequel est destitué si le projet n’est pas réalisé. Une façon de faire dont nos politiques patentés feraient bien de prendre de la graine, at-on commenté dans les rangs du public.

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Jean-Michel Rodrigo présente son film avec Elisabeth Lherminier, la maîtresse des lieux.

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