Le Département coupe les vivres au CAC Brassens
Le CAC Georges-Brassens et le CRY pour la musique viennent de perdre leur subvention départementale. Une situation qui met à mal les deux structures culturelles mantaises qui se demandent comment elles vont pouvoir poursuivre leur mission.
Le centre culturel emblématique de Mantesla-Jolie est une nouvelle fois menacé. Le conseil départemental vient de supprimer la subvention qu’il lui versait chaque année. Cela s’ajoute à d’autres baisses de financements et met en péril l’avenir même de la structure.
La culture dans les Yvelines est-elle en danger ? Au vu des coupes opérées par le conseil départemental sur les subventions du CAC Georges-Brassens et du réseau CRY (Centre de ressources Yvelinois pour la musique), on peut se poser la question…
C’est donc un début de saison plus que morose que vit notamment le Centre d’action culturelle de Mantes-la-Jolie. La semaine passée, lors de la présentation de la programmation du premier trimestre, Claire Guérin, la directrice du lieu n’a pas caché son angoisse. « Il y a deux ans, nous percevions 50 000 euros de la part du Département. L’an passé, nous avons reçu 38 000 euros. Cette année, nous ne percevrons rien du tout… » lâche-t-elle d’emblée. Un « manque à gagner » qui pourrait se répercuter sur les spectacles du second trimestre : « Nous ne savons pas si nous pourrons proposer au public du Mantois une programmation culturelle. » Sans parler des projets de restructuration de la grande salle de spectacle, mis de côté jusqu’à nouvel ordre. Bref. Une fois de plus après les soucis rencontrés par la structure il y a trois ans (suspension de la subvention municipale, qui avait conduit à des suppressions d’emplois N.D.L.R.), il y a le feu au CAC. « Deux départs à la retraite n’ont pas été remplacés », confie-t-elle, un peu dépitée.
Mauvaise orientation ?
La raison de cette suppression, il faut la chercher du côté de la nouvelle politique mise en place par le conseil départemental en 2015, visant notamment à « faciliter et accompagner l’émergence d’un nouveau modèle culturel, plus propice à l’innovation et fondé
sur une logique de projet territorial et de partenariats
créatifs »… Comprenne qui peut. L’agenda de Joséphine Kollmannsberger, vice-présidente chargée de la culture au Département n’ayant pas permis d’organiser un entretien téléphonique avec notre rédaction, il nous est difficile d’en dire plus sur le sujet.
Il y a quelques mois, les structures culturelles du territoire ont été conviées à plusieurs réunions avec les services culturels du Département. Objectif : les orienter dans les méandres de ces nouvelles demandes de subvention. « Désormais, il faut répondre à des appels à projet en présentant des actions précises. Mais les structures peuvent également rentrer dans le dispositif sur les lieux dits structurants », explique
Claire Guérin. « Nous avons répondu à un appel à projet. Mais il y a eu une erreur sur une date. Du coup, notre dossier n’a même pas été étudié en commission… »
Comment, une structure comme le CAC Georges-Brassens, désirée et soutenue par les élus de la ville et du Département durant des années, n’at-elle pas été prévenue de cette erreur, ne serait-ce que par un simple coup de fil ? « Personne ne nous a appelés, on ne nous a non plus jamais dit qu’il vaudrait mieux que nous fassions une demande de subvention en tant que lieu structurant », explique, amère, Claire Guérin. Pour tenter de rattraper le coup, la directrice s’est tout de même fendue d’un courrier à Pierre Bédier, le président du Conseil départemental afin de lui décrire la situation. « Il nous a adressé une réponse très technique, nous disant que nous aurions dû prendre rendez-vous… »
Le CRY : même combat
Du côté du Centre de Ressources Yvelinois pour la musique le cri d’alarme est
identique. « Nous sommes aujourd’hui dans une situation économique dramatique qui nous a contraints à procéder à des licenciements pour éviter la cessation de paiement », explique Thierry Duval, le directeur du réseau qui compte 23 structures adhérentes sur le territoire, dont le CAC Brassens, l’Usine à Sons à Mantes-la-Ville ou encore les services culturels de Limay et les Mureaux.
Partenaires depuis 1990, le Département a décidé de retirer au CRY son soutien qui s’élevait à 53 500 euros depuis 2005. « C’est un tiers de notre budget. Cela ternit notre horizon et provoque des décisions douloureuses. Nous sommes surpris par cette décision d’une brutalité extrême », regrette le directeur.
« Entreprise machiavélique » ?
Les acteurs impactés sont d’accord sur un point : « C’est clairement une entreprise machiavélique qui est mise en place. On ne peut qu’y lire une volonté de mettre à mal nos structures, et de semer la zizanie entre nous. Ce démantèlement semble avoir été pensé, organisé… »
D’autant que le régime n’est pas appliqué à tous. Certaines structures, qui touchaient jusque-là des sommes minimes se retrouvent avec le triple - voire plus - de ce qu’ils demandaient initialement. C’est par exemple le cas du Collectif 12 à Mantes. Une situation qui ne réjouit pourtant pas Hubert Mercier son administrateur. « Pour nous, bien sûr, c’est une bonne nouvelle, puisque nous allons percevoir 100 000 euros. Mais il faut tout de même savoir que ce dispositif est voué à dégressivité sur trois ans. » Ravi pour « son » Collectif 12 qui tente depuis plusieurs années de mettre en place un véritable projet culturel en lien avec le territoire, Hubert Mercier n’en demeure par moins solidaire de ses collègues : « Plus il y a de structures culturelles, plus c’est riche pour la population. Je ne suis pas très serein quant
à l’avenir car nous allons tous être soumis à court ou moyen terme à ces coupes claires. »
Quel avenir ?
Avec cette nouvelle perte de subvention, le CAC GeorgesBrassens se retrouve une fois de plus dans une situation délicate, d’autant que la structure a également perdu 25 000 euros de la part de la DRAC (Direction régionales des affaires culturelles d’Ile-de-France). Claire Guérin, la directrice est d’autant plus inquiète que la convention avec la mairie de Mantes-la-Jolie arrive à terme en 2018. « Nous ne savons pas à quelle sauce nous allons être mangés… La ville va-t-elle continuer à nous subventionner ? La nouvelle communauté urbaine GPS&O prendra-t-elle la suite ? Nous aimerions vraiment que l’on nous apporte des réponses… »