Le Courrier de Mantes

Il veut sortir les talibés des griffes des marabouts

Un Muriautin se bat depuis des mois pour faire connaître le sort des enfants Talibés, de jeunes mendiants exploités par des marabouts à Dakar.

- Kevin Burlot

Une prise de conscience peut parfois provoquer un changement de vie. C’est ce qui est arrivé à Soumano Cheikh Oumar, un habitant du quartier des Musiciens lors d’un voyage dans son pays d’origine, le Sénégal. C’était en août 2015, des vacances en famille avec femme et enfants. Soumano Cheikh Oumar est devant chez, lui, en train de lire le journal quand il rencontre le jeune Ablaye, 8 ans. L’enfant erre dans la rue, visiblemen­t affamé. Le Muriautin l’invite chez lui, le fait boire, manger, et découvre son histoire. Celle d’un enfant talibé comme tant d’autres. A Dakar, tout le monde connait ces jeunes qui mendient dans la rue pour le compte de marabouts mal intentionn­és (voir encadré). Quand quelques jours plus tard, Cheikh Soumano a revu Ablaye, il était toujours dans la rue, endormi sous une voiture. La vie de Soumano venait de changer.

Buzz sur Facebook

« Je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose. Pour ces enfants mais aussi

pour mon pays », explique celui qui a quitté le Sénégal pour la France à l’âge de 28 ans. Après sa rencontre avec Ablaye, Cheikh Soumano décide de poster une vidéo sur Facebook dans laquelle il interpelle le président Macky Sall. « Je ne m’y attendais pas mais j’ai eu beaucoup de retour de gens comme moi qui en ont marre de voir les talibés faire partie du décor. » Sa vidéo, qui s’adressait dans un premier temps à la diaspora a été repris par les médias sénégalais et cumule aujourd’hui plus de 60 000 vues.

Marche sur les Champs

Au mois d’octobre de l’année dernière, à son retour en France, Cheikh Soumano dépose les statuts de son associatio­n « Les Etoiles Talibés » et décide de mener une action de communicat­ion choc. Il défile sur les Champs-Elysées pieds nus, comme les talibés avec une chaîne symbolisan­t l’esclavage dont les enfants sont victimes. « On m’a pas mal critiqué sur le fait de faire cette marche

en France. Cela n’a pas plu que quelqu’un fasse du bruit autour de ce problème, mais ça n’a fait que renforcer ma

motivation. » Chauffeur de bus sur la voie express A14, Cheikh Soumano multiplie maintenant les prises de congés sans solde pour se consacrer à son associatio­n. Il repart au Sénégal quelques mois après et refait la même marche devant une université de Dakar. Cela lui coutera quelques heures de garde à vue mais lui fera gagner encore plus de médiatisat­ion au Sénégal.

Aujourd’hui la vie de Cheikh Soumano tourne beaucoup autour de son associatio­n, qui

fonctionne uniquement avec des dons et sans subvention­s.

Samedi dernier, il est reparti à Dakar en compagnie de deux jeunes Muriautins bénévoles pour aller distribuer les médicament­s et denrées récoltés

aux petits talibés. « Il y a plein de choses à faire comme le recensemen­t des bonnes et mauvaises écoles mais il faut agir ensemble, en groupe. Ce n’est pas l’argent qui réglera ce problème. L’Etat doit faire appliquer la loi avec le soutien des Sénégalais. »

Pour faire un don à l’associatio­n des Etoiles Talibés : www.lesetoiles­talibes.fr

« Soutien des Sénégalais »

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Cheikh Soumano et quelques jeunes talibés à Dakar.

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