Le Courrier de Mantes

JUSTE LA FIN DU MONDE

- Maximillie­n Pierrette

Avec sept longs métrages à son actif en l’espace d’autant d’années, et alors qu’il n’est âgé que de vingt-sept ans, la rapidité avec laquelle Xavier Dolan enchaîne impression­ne tout autant que sa façon de jouer avec les sentiments. Et les deux récompense­s qu’il a déjà reçues à Cannes, à commencer par ce Grand Prix remis à « Juste la fin du monde », qui a donc frôlé la Palme d’Or. Rien n’était pourtant gagné tant le film a, plus que d’habitude, divisé la presse, entre ceux que le Québecois a encore mis KO, et les autres, beaucoup plus réservés, pour ne pas dire agressifs. Ce qui est sûr, c’est que le metteur en scène ne laisse pas indifféren­t, et la donne ne change pas ici, même si le résultat n’est pas aussi puissant que « Mommy », dont certains ne se sont pas encore totalement remis. Adapté de la pièce homonyme de Jean-Luc Lagarce, le récit joue à nouveau la carte de la famille dysfonctio­nnelle au sein de laquelle Louis fait son grand retour, pour annoncer aux autres qu’il va bientôt mourir. Ou tenter de le faire, car rien ne va bien évidemment se passer comme prévu, alors que les tensions vont se multiplier. Et ce dès les premiers instants, qui risquent de désarçonne­r : enfermés dans des gros plans isolant chacun, les acteurs semblent surjouer et leurs personnage­s respectifs nous apparaisse­nt aussi caricatura­ux qu’anti-pathiques. Alors que l’on redoute le faux-pas, les scènes se font plus douces et justes, les souvenirs familiaux affleurent et Xavier Dolan ose même placer un tube d’eurodance moldave dans la bande-originale, avec une audace finalement payante. Même moins bien intégré au récit que dans ses précédente­s oeuvres, le style presque clipesque du réalisateu­r fait encore une fois mouche, au même que sa direction d’acteurs avec son casting cinq étoiles que dominent Gaspard Ulliel et Marion Cotillard. Au final, le metteur en scène nous sert un huis-clos qui peut mettre du temps à s’apprécier mais finit par frapper en plein coeur, à tel point que l’on a presque envie de le revoir immédiatem­ent pour constater à quel point les premières scènes étaient en fait là pour montrer des gens enfermés par des personnage­s, et que le film va ensuite joliment humaniser.

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