Mémoire DU Mantois
À Limay, l’Ermitage oublié. Si le hasard d’une promenade vous amène près du Centre aéré de Limay, sur la route de Follainville, vous irez à pied vers un espace ouvert sur la vallée de la Seine et vous trouverez les restes du calvaire de Saint-Sauveur.
Ce lieu est chargé d’histoire : au début du XIVe siècle les grottes de ce coteau servaient de repaire à une bande de brigands qui rançonnaient la région. Une battue permit de les arrêter dans leur caverne et, en reconnaissance de la paix retrouvée, fut édifiée une chapelle souterraine confiée à un ermite qui défricha la terre, cultiva légumes et fruits et clôtura l’ensemble. Il avait en outre mission de sonner la cloche dont avait été doté le lieu pour avertir le « maître » du pont de Mantes de l’arrivée des bateaux.
Lieu de pèlerinage assidûment fréquenté jusqu’au XIXe siècle, l’Ermitage reçut de nombreux dons : statues, tableaux, reliques, oeuvres d’art de valeur, objets sacrés parmi lesquels certains ont pu être recueillis dans l’église de Limay.
Selon la légende, la cloche de Saint-Sauveur indiquait, par le nombre de ses tintements, dans combien d’années se marierait la jeune fille qui avait tiré la corde.
La vente de l’Ermitage comme bien national en 1794 fut suivie de divers transferts de propriété, source aussi de litiges entre confrérie et municipalité. La loi de séparation de l’Église et de l’État mit un terme à ces rivalités, Saint-Sauveur devenant légalement propriété communale. Mais, sans gardiennage et sans entretien, on imagine ce qu’il advint des lieux et des oeuvres pendant cette période. Livré au vandalisme, au pillage, la dégradation ne fit qu’empirer jusqu’en 1928, date à laquelle les voûtes effondrées furent définitivement détruites pour des raisons de sécurité publique évidentes.
Les vestiges du passé ayant disparu, seul demeure le point de vue exceptionnel, désormais protégé, depuis 1971, par une inscription à l’inventaire des sites exceptionnels du département des Yvelines.