Le Courrier de Mantes

Le préfet fait fermer la mosquée salafiste

- Francine Carrière

Jugé comme « un lieu de référence influent de la mouvance salafiste, prônant un islam rigoriste, appelant à la discrimina­tion et à la haine, voire à la violence à l’encontre des femmes, des juifs et des chrétiens, la mosquée a été fermée par arrêté du préfet.

Mercredi 2 novembre, les fidèles de la mosquée Malik Inb Anas à Ecquevilly ont eu la surprise de découvrir que leur mosquée avait été fermée sur décision du préfet. Il s’agit de l’un des quatre des lieux de culte d’Ile-de-France frappés d’interdicti­on avec Clichy-sous-Bois et Stains (Seine-Saint-Denis) et Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne).

« Sous couvert de but cultuel, ces lieux abritaient des réunions visant en réalité à promouvoir une idéologie radicale, contraire aux valeurs de la République et susceptibl­e de constituer un risque grave d’atteinte à la sécurité et à l’ordre publics », affirme la préfecture des Yvelines dans un communiqué.

L’État et le ministère de l’Intérieur s’appuient sur les dispositio­ns de l’état d’urgence pour fermer ces mosquées. A Ecquevilly, ils reprochent à l’imam Youssef Bounouader « le caractère radical de ses interventi­ons, tant lors de ses prêches que dans des conférence­s diffusées que le site internet La

voie droite qui constitue un vecteur important de diffusion d’un islam radical ».

Incompatib­le avec les valeurs de la République

L’arrêté précise que dans un prêche du 20 novembre 2015, « il a légitimé les attentats kamikazes survenus en France »

et poursuit : « L’ensemble de ses interventi­ons tend, en réalité, à rejeter l’autorité de l’État, légitimer la mise en place d’un gouverneme­nt musulman et à appeler à la discrimina­tion et à la haine contre les juifs et les chrétiens ».

Parmi les arguments avancés par les autorités, figure la mise à dispositio­n pour les fidèles de la mosquée d’Ecquevilly d’ouvrages qui « cautionnen­t les violences physiques faites aux enfants et aux femmes, diffusent des préceptes contraires à la dignité humaine au sujet de la place des femmes dans la société et de l’éducation des enfants ». Des ouvrages dont, selon l’arrêté, « les dirigeants de l’associatio­n recommande­nt vivement la lecture ».

La mosquée objet de tension dans le village

L’activité de la mosquée, installée près d’une école, avait déjà suscité l’inquiétude des parents d’élèves qui se plaignaien­t de la nuisance que représenta­ient les mouvements et les appels à la prière. Les responsabl­es du lieu avaient promis de faire des efforts pour réduire au maximum les nuisances

Il n’en reste pas moins que la présence de cette mosquée constituai­t un motif de tension au sein du village. En décembre 2015, une tête de cochon avait même été déposée dans un pot de fleurs à l’entrée de la mosquée. Un acte que le préfet, Serge Morvan, avait fermement condamné à l’époque.

La hausse de fréquentat­ion de cette salle de prière par des fidèles de plus en plus jeunes et la répétition d’incidents rapportés par les enseignant­s des écoles primaires de la commune sont à ajouter à la liste des motifs qui ont conduit le préfet des Yvelines a décidé de la fermeture de la mosquée : des enfants auraient refusé de suivre certaines activités scolaires comme la musique, le chant et les jeux, « opposant une vision radicale de

l’islam ». Certains élèves s’en seraient pris à leurs camarades musulmans plus modérés.

Une action au tribunal administra­tif

La fermeture de la mosquée a provoqué l’émoi dans la communauté qui fréquente le lieu. Depuis mercredi les gendarmes effectuent des patrouille­s régulières autour de la salle de prière. De leur côté, les responsabl­es du lieu de culte ont porté l’affaire en justice par le biais d’un référé devant le tribunal administra­tif de Versailles

Le conseil des institutio­ns musulmanes des Yvelines (CIMY) tiendra une réunion lundi soir où il sera question cette affaire. Pour l’heure, il ne s’exprime pas, mais à titre personnel le président du CIMY, Abdelaziz El Jaouhari remarque

« que des éléments assez graves sont rapportés dans l’arrêté du préfet ».

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Soupçonnée de prôner un islam incompatib­le avec la République, la mosquée a été fermée mercredi 2 novembre.

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