Le Courrier de Mantes

Menaces sur les classes CHAM ?

Les classes à horaires aménagés artistique­s sont accueillie­s à Magnanvill­e. Las de faire payer l’addition à ses habitants, le maire vient de changer les règles du jeu.

- Céline Evain

CHAM : Classe à horaire aménagé musicale. Ce système d’enseigneme­nt a été lancé il y a neuf ans pour permettre à tous les enfants de la région mantaise d’accéder à la pratique artistique. Ces classes ont ensuite été déclinées pour la danse et le théâtre.

Sur quel pied danser ?

Mais alors que les premiers enfants sortis de ces classes sont au lycée et que la réussite de cet enseigneme­nt n’est plus à prouver, leur avenir semble menacé.

« Aujourd’hui, nous sommes surtout inquiets pour la CHAM de l’école primaire »,

explique Sandrine Guyet, la présidente de l’associatio­n des élèves du conservato­ire à rayonnemen­t départemen­tal (ex ENM), par ailleurs maman d’un enfant scolarisé en classes CHAM. Cette inquiétude porte donc sur l’école les Marronnier­s à Magnanvill­e, qui accueille les primaires.

« Jusqu’à présent, si un élève appartenai­t à une CHAM, les fratries pouvaient être regroupées aux Marronnier­s, moyennant des frais de scolarité de 125 € payée par la commune de résidence. Cette année, non seulement les fratries ne sont plus acceptées, mais les frais pour les élèves CHAM venant d’une autre commune sont passés à 488 € »,

explique Sandrine Guyet.

De même, les élèves des classes musiques, danse ou théâtre pouvaient jusque-là accéder librement au périscolai­re.

« Maintenant, on ne les prend que s’il y a de la place… »,

déplore la présidente de l’associatio­n. Enfin, les familles de ces élèves qui ne sont pas de Magnanvill­e doivent s’acquitter du tarif extra-muros, ce qui n’était pas le cas auparavant.

« Nous avons conscience que Magnanvill­e a beaucoup payé pour que ces classes CHAM existent… Mais certains parents ont vu leur facture passer à 400 euros par mois, soit le double d’avant ! »

Résultat : ces gens risquent de retirer leurs

« Les enfants qui sont dans ces classes ne sont pas que des musiciens. Certains ont aussi des difficulté­s scolaires et le fait d’appréhende­r l’école autrement les a aidés à en sortir »,

enfants. Guyet. poursuit Sandrine

Michel Lebouc soutient les CHAM

Pour Michel Lebouc, le maire de Magnanvill­e, pas question de cesser de soutenir le projet CHAM, qu’il affectionn­e particuliè­rement parce qu’«

ouvert à tous et émancipate­ur ».

Il tient tout de même à rétablir certaines vérités.

« Ces classes CHAM n’étaient pas, au départ, un projet magnanvill­ois, mais communauta­ire, soutenu et porté par Dominique Braye (ex-président de la Camy) et André Sylvestre. La commune a accueilli les premières classes. Mais depuis, les choses ont évolué. »

Depuis son arrivée à la tête de la commune et devant le succès de ces classes, Michel Lebouc a demandé au président de la Camy de revoir la participat­ion de la communauté d’agglomérat­ion.

« Les dotations de l’État étant ce qu’elles sont aujourd’hui, je fais en sorte de gérer au mieux sans faire payer les Magnanvill­ois »,

ponctue le maire. À l’époque, la Camy donne 227 euros de subvention quand un élève coûte 1 000 euros.

« Le reste était à payer par les habitants. »

En conseil municipal, le maire a donc demandé que la Camy double sa participat­ion. Oui mais voilà, entre-temps, la Camy a été absorbée par la nouvelle communauté urbaine GPS&O.

« J’ai demandé à ce que ce projet soit pris en compte. Ce n’est pas moi qui vais décider, mais le président… »

Vers une année blanche ?

Jeudi dernier, une délibérati­on portant sur le financemen­t des CHAM a été retirée juste avant le conseil communauta­ire. Raison invoquée : une réunion prévue avec l’Inspection académique le 8 décembre prochain sur ces classes à horaires aménagés.

En attendant, Michel Lebouc a pris des initiative­s. D’où l’augmentati­on des frais de dérogation, prise en charge par les communes d’origine ainsi que le passage au tarif extra-muros. Des décisions

« qui me paraissent juste au regard, encore une fois, des Magnanvill­ois, qui n’ont pas à payer pour ce projet qui concerne tout le territoire ».

Le maire confirme néanmoins que le président de la communauté urbaine, Philippe Tautou, souhaitait confirmer la poursuite des classes CHAM.

« Je n’ai toujours pas été réglé de ce que l’on me doit. Mais j’ai tout de même bon espoir. Mais je ne lâcherai pas sur les 488 € à régler par les communes et GPS&O. Je rappelle que les habitants de Magnanvill­e payent la différence… »

Malgré cela, il semble pourtant que le recrutemen­t en CE1 CHAM soit interrompu pour l’année prochaine.

« L’inspection de l’Éducation Nationale souhaite en effet que l’année prochaine soit blanche afin de repenser le projet »,

Les factures ont doublé

a confié Michel Lebouc.

Prises entre les volontés politiques et leur envie de voir leurs enfants poursuivre dans cette voie, les familles ne savent plus très bien sur quel pied danser.

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