Le Courrier de Mantes

La pauvreté progresse dans les Yvelines comme en France

Comme chaque année, le Secours catholique a publié une étude sur la pauvreté. Le constat de l’associatio­n est sans appel : la pauvreté ne faiblit pas. Dans les Yvelines, la tendance est identique, même si le territoire reste contrasté.

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Les Yvelines forment un départemen­t très contrasté où aucun territoire, riche ou pauvre, n’est à l’abri de la précarité et de la fragilité. Tel est le constat du Secours catholique du 78, qui, parallèlem­ent à l’étude nationale, a rendu public quelques chiffres sur la pauvreté.

Cette pauvreté qui persiste, elle s’explique dans les Yvelines par plusieurs facteurs. Le premier concerne les migrants. Non pas que leur nombre ait augmenté, en France ou dans le départemen­t, mais ils sont

« plus précarisés que par le passé »,

indique François Paget, délégué diocésain départemen­tal. Cela s’explique par

« les aspects administra­tifs, le fait qu’en attendant leur régularisa­tion ils n’ont pas le droit de travailler ».

Les étrangers plus précaires

« Cette proportion d’étrangers en difficulté­s est tout de même moins importante dans les Yvelines que dans le reste de l’Île-de-France,

D’ailleurs, nous pourrions faire plus pour leur accueil. »

François Paget. ajoute

58% des personnes accueillie­s par le Secours catholique des Yvelines en 2015 étaient ainsi d’origine étrangère (65% en Île-de-France) avec une

« petite variation dans les origines géographiq­ues, (baisse du Mahgreb au profit de l’Europe de l’est et l’Afrique sub-saharienne) ». « Cette tendance devrait se confirmer en 2016, notamment avec l’arrivée des Chrétiens d’Orient »,

diocésain. note le délégué

Plus de familles hébergées à l’hôtel

Dans son étude, le Secours catholique yvelinois dresse également un autre constat : Sur les 14 000 personnes ou familles suivies dans les Yvelines, la proportion de femmes seules avec enfants rencontrée­s dans les points d’accueil de l’associatio­n a cru de trois points en 2015, passant de 21,5 à 24,5%. Plus spécifique­ment, la part de celles hébergées à l’hôtel est passée de 8,5 à 11%.

« 3 000 personnes sont actuelleme­nt logées dans des hôtels dans le départemen­t, dont 50% d’enfants, annonce François Paget. Et parfois cela dure longtemps, c’est ce qui est le plus difficile. »

Sans compter les difficulté­s pour garder les enfants scolarisés. L’une des bénéficiai­res du Secours catholique fait ainsi chaque matin le trajet entre les Yvelines et Paris, où son fils est scolarisé. Elle y passe la journée et rentre avec lui le soir.

« Elle est devenue bénévole pour nous, sourit François Paget, qui poursuit : Parfois, les hôtels sont bien équipés pour cuisiner mais cela peut ne pas être le cas. »

Et de raconter l’histoire d’une personne accompagné­e, logée dans un hôtel de Mantes-la-Jolie mais qui va prendre ses repas chaque soir à Paris.

Cette augmentati­on du nombre de personnes logées dans les hôtels du départemen­t s’explique surtout par la saturation de la capitale et de la petite couronne. Le Samu social se reporte donc sur la grande couronne.

« Nous essayons de faire en sorte qu’une famille avec enfant soit stabilisée au moins le temps de l’année scolaire, souligne François Paget. Et cela, petit à petit, le Samu social le prend en compte. »

Les relations de ces personnes avec l’État sont aussi parfois compliquée­s notamment face aux fermetures d’agence de la Sécurité sociale ou encore lorsque beaucoup de démarches doivent passer par Internet.

Reste aussi dans le départemen­t des personnes sans domicile fixe ou des travailleu­rs pauvres.

« D’une ville à l’autre, il y a de fortes disparités. Cela fait que la situation peut être encore plus difficile à supporter. Car la pauvreté ne concerne pas seulement l’aspect économique. Il faut que ces personnes puissent remonter Nous construiso­ns avec elles un programme pour essayer de réintrodui­re du choix, de la décision dans leur vie. »

Dans cette optique, le Secours catholique du 78 a décidé de réduire ses distributi­ons alimentair­es au profit

« à des inconnus » « de repas partagés ». « L’essentiel n’est pas tant de manger que d’être avec d’autres personnes et de créer du lien. »

Florie Cedolin ▲www.secours-catholique. org

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