AVC : ce coup de tonnerre qui fait tout basculer
L’hôpital de Mantes-la-Jolie traite 450 cas d’AVC par an. L’opération « 24 heures contre les accidents vasculaires cérébraux » a permis à la population, de mieux en comprendre les causes. Le neurologue Olivier Ille a accepté de répondre à quelques questio
Le Courrier de Mantes : Qu’est ce qu’un accident vasculaire cérébral ?
Dr. Olivier Ille : Lorsque je faisais mes études, je me souviens que l’un de mes maîtres décrivait l’AVC comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. En réalité, c’est un handicap neurologique qui s’installe brusquement. Quelles sont ses causes ?
Elles sont multiples : soit il est provoqué par une arythmie du coeur qui fait que le sang ne circule pas bien, stagne et coagule, soit le patient est atteint d’athérosclérose, c’est-à-dire un encrassement des artères, provoqué par l’âge, le diabète, l’hypertension, tout cela favorisé par le tabac. Il y a également la maladie des petites artères qui provoque la fibrose progressive des artères du cerveau. Cette maladie est provoquée notamment par l’hypertension artérielle. Enfin, 25 % des malades victimes d’un AVC n’ont rien de tout cela, et sont a priori en bonne santé… Quand une personne fait un accident vasculaire cérébral, il se passe quoi concrètement ?
Le sang s’épaissit et vient obstruer la circulation dans une artère. Comme le sang ne circule pas bien, il stagne dans le coeur et coagule. Un caillot se forme alors : c’est l’accident. Quels sont les signaux qui doivent alerter ?
La grande caractéristique de l’AVC, c’est qu’il est parfaitement indolore. Voici pourquoi lorsqu’il intervient alors que le patient est endormi, il est irrémédiable. Mais en pleine journée, la personne doit être alertée si elle est soudainement victime d’une hémiplégie (paralysie d’une moitié du corps), d’une aphasie (perte du langage) ou alors d’une amputation d’une partie du champ visuel. Que faut-il faire si l’on est victime d’un AVC ou en présence d’une personne qui en fait un ?
Évidemment, il faut appeler les secours le plus rapidement possible. Il faut savoir que l’on a 4 h 30 après le début des troubles pour intervenir. La fenêtre est donc très petite… Une fois aux urgences, quel est le parcours du patient ?
Après avoir été préparé, le malade passe immédiatement une IRM (Imagerie par résonance magnétique). Elle nous permet de savoir précisément où est positionné le caillot et si nous pouvons intervenir par thrombolyse intraveineuse (injection d’un médicament qui vient dissoudre le caillot), par exemple. Comment récupère-t-on d’un AVC ?
Cela dépend du délai de prise en charge. Beaucoup de patients récupèrent complètement et rentrent chez eux. Pour d’autres, c’est plus compliqué. On fait des points réguliers avec eux. L’avantage de l’hôpital de Mantes, c’est qu’il est pluridisciplinaire : on peut travailler en lien direct avec l’orthophoniste, ou les assistantes sociales pour que la récupération soit la meilleure possible. Selon vous, quel est le meilleur moyen d’éviter l’accident vasculaire cérébral ?
La prévention reste le meilleur moyen. Si la population est sensibilisée aux risques, si les femmes ont conscience que l’association pillule-tabac augmente le risque, et si les gens atteints d’hypertension se font traiter, cela sera déjà beaucoup mieux !